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Un marché de l’art imperméable aux crises

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Le personnel de Sotheby’s expose « Le Massacre des Innocents » de Sir Peter Paul Rubens (1577-1640), à Londres, le 5 juillet 2002. Le personnel de Sotheby’s expose « Le Massacre des Innocents » de Sir Peter Paul Rubens (1577-1640), à Londres, le 5 juillet 2002.

Les 20 ans du « Monde Argent »

Quand on interroge Georges-Philippe Vallois sur sa perception des crises qui ont agité le monde de l’art depuis 2001, le marchand parisien, spécialiste notamment des nouveaux réalistes, est à la peine. De l’explosion en 2000 de la bulle Internet, il a gardé zéro souvenir. L’impact des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ? Cinq jours après la chute des Twin Towers, un collectionneur américain lui a acheté une œuvre de Martial Raysse. Quant aux répercussions de la crise des subprimes de 2008, elles lui ont semblé mesurées.

Rien de comparable au « cauchemar » vécu en 1991, suite à la guerre du Golfe. « Les taux d’intérêt étaient très élevés, les professionnels très endettés, les œuvres ne valaient plus rien et à peine 20-30 % des œuvres trouvaient preneur aux enchères », énumère le marchand, qui, en un an, a vu son chiffre d’affaires divisé par cinq. Pis, poursuit-il, cette récession s’accompagnait « d’une crise du goût, un rejet de l’art contemporain dans son entier ». Jamais, selon lui, le marché de l’art n’a connu par la suite une telle situation de blocage. Pas même en 2020 où la pandémie de Covid-19 a mis le monde à l’arrêt.

« Un tableau de Warhol peut aujourd’hui coûter trois fois plus cher que la maison où il est accroché », constate Nathalie Obadia, galeriste parisienne

Quoique secoué de convulsions en vingt ans, le marché de l’art a toujours tiré son épingle du jeu. Parfois mieux que d’autres investissements. En 2000, quand l’indice boursier S&P 500 (basé sur 500 grandes sociétés cotées aux Etats-Unis) plonge de 46 %, l’indice des prix Fine Art établi par Artprice recule seulement de 11 %. Idem en 2020 : les prix de l’art n’ont chuté que de 13 %, alors que l’indice S&P 500 a perdu 23 %. Sans doute parce que l’art offre un plaisir esthétique, intellectuel et sensoriel qu’aucun autre « actif » ne saurait apporter.

Longtemps, détaille le courtier Thomas Seydoux, « lachat immobilier était une étape essentielle de la vie, la Bourse nécessaire pour faire fructifier ses économies, lart ne venant que bien après, comme la traduction d’un style de vie et une passion ».

En deux décennies, cette hiérarchie des valeurs a été sensiblement bousculée. Si les gestionnaires de fortune ont longtemps appelé à la prudence, conseillant de ne pas consacrer plus de 5 % d’un patrimoine à l’art, « il nest plus rare de voir que le montant dune collection soit supérieur à 20 % de la fortune dune personne », constate la galeriste parisienne Nathalie Obadia. Et d’ajouter : « Un tableau de Warhol peut aujourd’hui coûter trois fois plus cher que la maison où il est accroché. »

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