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Les seniors salariés, nouvelles victimes du Covid-19 ?

Premières victimes de la crise du Covid-19, les jeunes sont dans la focale du gouvernement, mais des inquiétudes émergent aussi pour l’emploi des seniors qui pourraient être les prochains à « payer la facture », lorsque la mise sous perfusion des entreprises cessera. Si en 2020 le taux d’emploi a reculé chez les 15-24 ans (-1,2 point) du fait de la chute des embauches et du non-renouvellement des contrats, celui des seniors a continué d’augmenter (+0,7 point) malgré la crise sanitaire. L’Insee explique cela par le fait « que les seniors ont plus d’ancienneté dans leur emploi et occupent plus fréquemment des emplois à durée indéterminée ».

Mais cette hausse, continue depuis 2009, pourrait être stoppée en 2021 avec l’accélération du nombre de plans sociaux (+33% au quatrième trimestre 2020). Les plans de licenciements, « il va y en avoir partout dès qu’ils vont débrancher les aides » et les seniors sont « souvent les premiers visés parce que ce sont les plus chers » alors que leur capacité à retrouver un emploi est « compliquée », craint Benoit Serre, vice-président de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH). Même appel à ne pas oublier cette catégorie du côté de Gilles Gateau, directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), qui met en garde contre le retour du « terrible réflexe de l’ajustement de l’emploi par l’éviction des seniors ». L’association a récemment lancé « Talents Seniors » pour aider les cadres chômeurs de plus de 50 ans. Fin 2020, il y avait déjà 964.000 chômeurs de plus de 50 ans. Selon Pôle emploi, leur durée moyenne d’inscription est de 679 jours, soit 22 mois, contre 239 jours pour les moins de 25 ans. A l’image de Marie-Christine Vuillerme, 60 ans, au chômage depuis deux ans à La Réunion et inscrite sur une plateforme de recrutement dédiée aux seniors. Le Covid n’aide pas cette femme qui cherche un emploi dans le commerce et avait « toujours trouvé très facilement. Je suis trop jeune pour toucher la retraite et je ne trouve pas de travail. Entre ces deux choses-là, on n’a rien », déplore-t-elle auprès de l’AFP.

 

« Gueule de bois »

 

« Avec le Covid, on sait qu’il y a des milliers de jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’emploi. Donc les plus anciens, on se dit que c’est mort », remarque un autre « jeune senior » de 53 ans. « Pour faire le moindre petit job, on vous demande un diplôme avec une formation d’un ou deux ans » même si « vous êtes en pleine force de l’âge avec 36.000 compétences ». « C’est quand même curieux, on a mis le pays à l’arrêt pour sauver les seniors malades. Et on a l’impression que ce sujet de l’importance des seniors s’arrête à la porte de l’entreprise », constate Benoit Serre, pour qui c’est aussi un enjeu sociétal. Quand un senior, qui aide ses parents et souvent aussi ses enfants, tombe au chômage, « c’est bien trois générations qui payent la facture », plaide-t-il. « On pourrait se réveiller avec la gueule de bois dans quelques années avec toute une génération appauvrie, déclassée ». L’ANDRH appelle donc à un « plan seniors », à l’image du plan « un jeune, une solution ». Elle propose de renforcer l’abondement du compte personnel de formation (CPF) pour cette population qui « se forme peu » ou de faire bénéficier les entreprises d’un avantage à conserver les seniors.

 

Du côté des syndicats, c’est aussi « un sujet d’inquiétude » pour la CFDT, « notamment que ce soient des publics visés dans des dispositifs type ruptures conventionnelles collectives, PSE, plans de départs volontaires, qui ne sont pas encore activés par les entreprises puisqu’elles sont encore sous perfusion », explique Marylise Léon.

Cyril Chabanier (CFTC) souligne que, jeunes comme seniors, « les deux extrémités » de la population « sont les plus touchées », et invite à ne pas oublier les salariés les plus âgés.

A Pôle emploi, on se méfie cependant « des raisonnements par catégories d’âge », préférant « individualiser le diagnostic », rappelait récemment son directeur général adjoint Paul Bazin, car « un demandeur d’emploi de très longue durée de 55 ans ne rencontre pas les mêmes problématiques qu’un demandeur qui s’inscrit pour la première fois ».

(Avec AFP)

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