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Les SPAC, ou comment la folie des « chèques en blanc » s’empare de Wall Street

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Devant la Bourse de New York, le 28 janvier 2021. Devant la Bourse de New York, le 28 janvier 2021.

Magie de la finance au temps du Covid et de l’argent gratuit : vous êtes incapables d’entrer en Bourse, avez-vous pensé aux Special Purpose Acquisition Companies (SPAC) ? Derrière ce nom, une nouvelle manière de se vendre à Wall Street, en inversant la chronologie : des investisseurs créent une société coquille vide, l’introduisent en Bourse pour lever des capitaux supplémentaires avec l’objectif d’acheter une entreprise. Au bout de quelques mois, le tour est joué, l’entreprise cible est fusionnée avec la SPAC et devient, de facto, cotée en Bourse, sans avoir eu à convaincre les investisseurs et les autorités de marché comme dans une introduction traditionnelle.

C’est ce qui est en train de se produire avec l’entreprise de coworking WeWork, start-up reine aux Etats-Unis avant la crise sanitaire, qui avait dû interrompre en catastrophe son introduction en Bourse à l’automne 2019. L’entreprise avait été valorisée 47 milliards de dollars (40 milliards d’euros) par SoftBank, l’un de ses actionnaires, mais son projet d’entrée en Bourse s’était effondré, lorsque les investisseurs ont regardé de plus près sa structure de coûts et ont rejeté son patron fondateur, Adam Neumann.

La crise liée au Covid-19 a vidé les bureaux partagés de WeWork, avec un taux d’occupation tombé de 72 %, en 2019, à 46 % fin 2020, et 6,2 milliards de dollars de liquidités consommées en deux ans. Mais WeWork, qui a un nouveau PDG, Sandeep Mathrani, a fortement réduit ses coûts et espère retrouver un taux d’occupation de 60 % en septembre. C’est ainsi qu’elle prévoit de se faire racheter par une SPAC, BowX Aquisition. L’entreprise serait valorisée 9 milliards de dollars, cinq fois moins qu’il y a deux ans, mais le retour en grâce incarne ce changement des temps à Wall Street.

« Si vous n’avez pas votre propre SPAC, vous n’êtes rien »

L’affaire est rendue possible à cause de l’argent gratuit, qui coule à flots en raison de la politique monétaire très accommodante des banques centrales. Les investisseurs du monde entier, y compris les particuliers, ne veulent plus d’obligations d’Etat – ils voient bien qu’elles ne rapportent rien et seront laminées par l’inflation si elle finit par revenir. Ils ne veulent plus vraiment des actions d’entreprises technologiques : c’est trop tard, leur valeur s’est trop envolée depuis un an. Non, ils veulent acheter des entreprises au berceau, avant qu’elles soient présentables à la Bourse, rêvant d’acheter les Apple et Amazon de demain au moment de leur création.

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