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Publié le : 06/04/2021 – 11:14
À quelques jours de l’élection présidentielle au Bénin, un juge d’un tribunal spécial a fui le pays, affirmant subir des pressions des autorités. Ces dernières dénoncent une « manipulation politique ».
« Le juge que je suis n’est pas indépendant ». Lundi 5 avril, un juge d’un tribunal spécial au Bénin a fui le pays accusant les autorités de « pressions ». Dans un entretien diffusé par RFI, Essowé Batamoussi, magistrat de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), affirme qu’il ne peut exercer sa tâche de manière indépendante.
« Toutes les décisions que nous avons été amenés à prendre l’ont été sur pression, y compris celle qui a vu le placement de madame Reckya Madougou en détention », a déclaré le juge, chargé du dossier de cette opposante, incarcérée début mars et accusée d’avoir « planifié des exécutions en série de personnalités politiques ».
« Dans ce dossier, nous avons été sollicités par la chancellerie, car le dossier ne comportait aucun élément qui pouvait nous décider à la mettre en détention », a poursuivi Essowé Batamoussi, indiquant qu’il souhaitait « aider les collègues qui sont sous pression et amener le peuple à savoir qu’ils n’agissent pas de leur plein gré. »
« Entreprise de déstabilisation de l’État »
« Il s’agit d’une manipulation politique », a rétorqué lundi le ministre de la Justice du Bénin, Séverin Quenum dans un communiqué.
« De fortes sommes d’argent provenant de pays voisins sont offertes ici et là pour rallier diverses personnalités civiles ou militaires à l’entreprise de déstabilisation de l’État », a-t-il accusé, affirmant même que « des appels à coup d’État ont été lancés ».
La Criet est une Cour spéciale mise en place par le pouvoir de Patrice Talon et accusée par ses détracteurs de servir d’instrument judiciaire pour museler l’opposition.
Juge de la chambre des libertés de la Criet, Essowé Batamoussi est décrit à l’AFP comme « rigoureux et très exigeant » par l’un de ses collègues.
Présidentielle sans surprise
Le Bénin votera dimanche pour une présidentielle qui s’annonce sans surprise, lors de laquelle le président Patrice Talon, accusé d’avoir verrouillé le scrutin, fera face à deux candidats de l’opposition sans aucun poids politique.
Sébastien Ajavon, important opposant arrivé troisième lors de la précédente présidentielle et déjà condamné par la Criet en 2018 à vingt ans de prison pour trafic de drogue, a été à nouveau condamné début mars par contumace à une deuxième peine de cinq ans de prison ferme pour « faux, usage de faux et escroquerie ».
Il vit actuellement en exil, comme la grande majorité des opposants de poids.
Au moment de son élection en 2016, Patrice Talon avait affirmé vouloir effectuer un unique mandat, avant de se rétracter et d’annoncer sa candidature mi-janvier pour le scrutin du 11 avril.
Avec AFP
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