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Le choix de l’heure n’est pas anodin. Mardi 6 avril, quelques minutes après minuit, des manifestants ont sillonné les rues de Cotonou, capitale économique du Bénin, de Tchaourou, commune d’origine de l’ancien président Thomas Boni Yayi, ou de Savè, fief de l’opposition, pour réclamer le départ immédiat du président Patrice Talon. Aux cris de « Talon dégage ! » ou « Cinq ans c’est cinq ans, pas un jour de plus », ils ont exigé la fin du mandat de celui qui se présentera comme le grand favori à sa réélection dimanche 11 avril. Quelques incidents, comme des pneus brûlés sur la place de l’Etoile-Rouge à Cotonou, ont été signalés.
Des cortèges, composés cette fois de plusieurs centaines de personnes, se sont ensuite formés dans la matinée à Porto Novo, Parakou, Calavi et dans d’autres villes favorables à l’opposition. A Savè, où des manifestations avaient fait plusieurs morts en 2019 après des affrontements entre militaires et habitants, des jeunes ont saccagé un poste de péage. Des motos et plusieurs véhicules ont également été brûlés dans le domicile d’un député pro-Talon. La route menant à Tchaourou a été bloquée par des troncs d’arbre et des pneus, selon l’Agence France-Presse. A Cotonou, où la mobilisation était relativement faible, les accès à la présidence ont été restreints.
Au centre de ces tensions figure la prolongation du mandat de Patrice Talon, après la modification du calendrier électoral en novembre 2019 permettant au chef de l’Etat de rester un mois et demi de plus à son poste avant que le vainqueur de la présidentielle prévue dimanche ne prenne ses fonctions. « Le mandat de Patrice Talon a expiré le 5 avril à minuit alors il doit rendre le pouvoir au peuple dès maintenant, estime Stéphane Todomè, journaliste béninois proche de l’opposition. Celui qui s’octroie quelques jours de pouvoir en plus peut très bien s’accorder deux années et même un mandat supplémentaire. »
Situation détériorée
Les manifestations répondent à l’appel lancé notamment par Komi Koutché, figure de l’opposition. « Peuple béninois, le pacte républicain que tu as scellé avec Patrice Talon le 6 avril 2016 arrive constitutionnellement à son terme ce 5 avril 2021 », a déclaré l’ancien ministre dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux. « Alors que de façon innocente, tu l’as cru et aidé à surgir avec un agenda républicain en main, il a décidé… de mettre en place son propre agenda privé. Le moment est donc venu pour que, seul détenteur de la souveraineté nationale, tu puisses faire disparaître cet agenda privé qu’il s’apprête encore à t’imposer », a ajouté celui qui a exhorté les Béninois à manifester pacifiquement dans les rues avec un « mouchoir blanc en main, sifflets, tambours et trompettes ».
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