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Tribune. Les récentes difficultés de positionnement de grandes marques étrangères en Chine face aux pressions de leurs hôtes concernant le coton du Xinjiang illustrent en réalité une problématique structurelle : celle des relations entre le pouvoir politique et l’économie. Les conceptions divergent entre, notamment, l’Europe et la Chine.
La Chine se définit comme une « économie de marché socialiste », dans laquelle les acteurs économiques sont subordonnés au pouvoir politique, c’est-à-dire aux prescriptions idéologiques et aux orientations planificatrices du parti-Etat chinois. Elles s’appliquent dans ses entreprises d’Etat, mais aussi dans les sociétés à capitaux non exclusivement d’Etat, ainsi que dans les filiales des sociétés étrangères.
Afin d’assurer son monopole politique, le parti-Etat exige des sociétés étrangères sur son sol de lui déléguer tout le champ social. Cette exigence implique pour les autres seulement d’opérer une stricte séparation des affaires avec la conduite politique des affaires, la gouvernance, dont il réclame l’apanage.
Etatisation contre affirmation de standards éthiques
C’est pourquoi, le 25 mars, le ministère du commerce, par la voix de son porte-parole, rejetait les accusations de travail forcé au Xinjiang, enjoignant aux marques occidentales de ne pas « politiser les questions de business ». Cette volonté du Parti communiste d’exclure tout droit politique et social à ses partenaires étrangers, qu’il assimile à une remise en cause de son autorité, nécessairement sans partage, s’était exprimée, en 2020, lors du déploiement de sa « stratégie diplomatique des masques ».
De nombreux diplomates chinois avaient exhorté à « ne pas faire de politique, mais à sauver des vies », provoquant de la part des pays européens une dénonciation quasi unanime pour récupération politique d’un enjeu de santé publique majeur.
Or, le projet géopolitique de la Commission Ursula von der Leyen, centré sur les valeurs d’une Europe qui recouvre sa souveraineté et protège ses entreprises et ses citoyens, ne peut qu’entrer en collision frontale avec le modèle chinois « d’économie de marché socialiste ». Les deux projets s’arment, en effet, d’un arsenal de normes prescriptives antagonistes, pour la Chine, l’étatisation de l’économie et, pour l’Europe, l’affirmation de ses standards éthiques et sociétaux.
Chacun voit l’autre comme un cheval de Troie
L’exemplarité de l’idéal européen des Lumières versus l’infaillibilité du Parti communiste chinois, chacun voyant dans l’autre un cheval de Troie : Pékin voit les valeurs occidentales le subvertir de toutes parts et l’Occident redoute la soldatesque du parti dans le ventre de ses entreprises pour mieux le vider du dedans.
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