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En Jordanie, l’affaire du prince Hamza divise le royaume

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L’image d’Epinal d’une famille royale soudée a fait long feu. Depuis deux jours, les Jordaniens observent, médusés, les règlements de compte au sein de la dynastie hachémite s’étaler au grand jour. L’arrestation, samedi 3 avril, de personnalités proches du roi Abdallah II, et la révélation concomitante par son demi-frère, le prince Hamza Ben Hussein, qu’il était assigné à résidence, a plongé le pays dans un état de stupeur et d’incompréhension, sur fond de rumeurs de coup d’Etat et de communiqués de presse laconiques. Les accusations rendues publiques, dimanche après-midi, par le ministre des affaires étrangères, Ayman Safadi, contre le prince Hamza, ont suscité plus de questions qu’elles n’ont apporté de réponses, et ont davantage polarisé l’opinion.

Sans prononcer le mot « coup d’Etat », le chef de la diplomatie jordanienne et vice-premier ministre Safadi a explicitement associé le prince Hamza Ben Hussein, l’ancien conseiller du roi Bassem Awadallah, le représentant spécial auprès de l’Arabie saoudite Cherif Hassan Ben Zaid et « 14 à 16 autres personnes » dans une tentative « coordonnée » de déstabilisation de l’Etat, sans donner plus de détails. Ces conclusions, a-t-il précisé, sont le fruit d’une surveillance des services de sécurité « durant une longue période », qui a permis de mettre au jour « [des] interventions et [des] contacts avec des parties étrangères visant à déstabiliser la sécurité de la Jordanie », sans mentionner lesquelles.

Un bouc émissaire

Washington, Riyad, Abou Dhabi, Tel-Aviv… Les partenaires étrangers du royaume hachémite se sont empressés d’exprimer leur « soutien » aux mesures prises par le roi Abdallah II pour « maintenir la stabilité du pays ». Au sein du royaume, en revanche, la version officielle suscite le scepticisme parmi les analystes et une partie de la population. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un Game of Thrones jordanien. A mon sens, ces remous ont davantage à voir avec la montée massive du mécontentement populaire, dans les domaines politique et économique, et avec la crainte que celle-ci génère dans les cercles dirigeants. J’ai le sentiment que le prince Hamza est un bouc émissaire, que le pouvoir exagère la menace, pour décourager toute discussion publique de la corruption », estime un bon connaisseur de la famille royale.

A 41 ans, le prince Hamza est une épine dans le pied du roi Abdallah II, de dix-huit ans son aîné. Pour consolider son pouvoir, le souverain n’avait pas hésité, en 2004, à lui retirer son titre de prince héritier au profit de son fils Hussein, allant contre les vœux de leur défunt père, le roi Hussein et de sa quatrième épouse, la reine Noor, mère d’Hamza. S’il s’est éloigné des cercles du pouvoir, après un parcours brillant au sein de l’académie militaire Sandhurst puis une carrière de pilote émérite, comme son père, le prince a cultivé ses liens avec les puissantes tribus jordaniennes. « Il est populaire et charismatique au sein de la société, notamment parmi les tribus, parce qu’il est proche du peuple et critique des politiques du royaume et de la corruption qui ont appauvri les gens », explique le journaliste Osama Al-Sharif.

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