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Publié le : 01/04/2021 – 17:39Modifié le : 01/04/2021 – 18:14
Plusieurs photos amateur prises dans la province de Daykundi au centre de l’Afghanistan ont émergé sur les réseaux sociaux et montrent des rangées d’élèves assis sur un sol enneigé pour passer les examens annuels d’entrée à l’université. Elles témoignent d’une réalité qui n’a rien de nouveau : depuis des années, des élèves de ces régions manquent d’infrastructures. Selon notre Observateur, le problème serait lié à une discrimination envers la communauté hazara, groupe ethnique très présent dans cette province et marginalisé en Afghanistan.
Alors que la saison des examens d’entrée à l’université n’a pas encore officiellement commencé en Afghanistan, dans certaines régions rurales, les fonctionnaires organisent les examens plus tôt, invoquant des problèmes logistiques et un manque de main-d’œuvre.
Les dernières images de Daykundi ont été publiées sur Twitter le 6 mars par Arif Rahmani, député de l’opposition et membre du Mouvement des lumières en Afghanistan, un groupe de défense des droits de l’ethnie hazara. Ce dernier s’est fait connaître lors de manifestations en 2016 pour avoir protesté contre l’annulation par le président Ghani d’un projet d’électrification des régions hazaras.
« Le gouvernement actuel fait preuve d’une discrimination ethnique et tribale qui ne sera jamais oubliée », a écrit Arif Rahmani en légende d’une des photos.
جریانِ امتحان دانش آموزان لیسهای میانه قل شهرستان_ ولایت دایکندی. پیام مهم این تصویر؛ نه گفتن به جهالت و نادانی است. آیا واقعا این ها با کسانی که به صورت « سهمیه » ای به دانشگاه ها راه پیدا می کنند برابر اند؟ حکومت کنونی تابلوی تبعیض قومی و قبیله ای است که هرگز فراموش نمی شود! pic.twitter.com/pmrayFkVaK
— Arif Rahmani (@arifrahmanii) March 6, 2021
Le phénomène est loin d’être nouveau. Des photos sont publiées chaque année montrant des candidats participant aux examens nationaux, assis dehors dans la neige, parfois sur des chaises, mais souvent pas.
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De nombreux internautes et médias afghans s’interrogent régulièrement sur le fait que leur système éducatif reste mal équipé alors que le pays a reçu plus de 137 milliards de dollars d’aide américaine pour la reconstruction du pays depuis 2002.
Dans cette série de tweets, des Afghans partagent leurs souvenirs après avoir passé eux aussi des examens dans la neige. Le premier tweet, en langue dari, montre des examens qui se déroulent dans la province de Daykundi en mars 2021.
Dans ces tweets en anglais, un internaute se souvient d’avoir passé des examens dans la neige il y a 20 ans ; un autre parle de son grand-père qui l’a fait il y a 80 ans.
« Les gouvernements dominés par les Pachtounes ont accordé peu d’attention à ces régions »
Haseeb Motaref est un militant des droits humains en Afghanistan. Il explique la situation :
Les examens annuels d’entrée à l’université en Afghanistan doivent être organisés en présence d’agents de l’Autorité nationale d’examen afghan, qui sont envoyés spécialement de Kaboul. C’est pourquoi les examens ont lieu le plus tôt possible. Dans les régions du centre et du Nord-Est, qui sont notablement moins développées que le reste du pays, la logistique est compliquée.
Il y a généralement de nombreux candidats dans ces régions, comme les provinces de Daykundi et Bamyan dans le centre, Takhar et Badakhshan dans le Nord-Est. Mais dans de nombreux cas, il n’y a pas de grands bâtiments capables d’accueillir les étudiants avec l’espace requis entre eux. Ou il n’y a pas d’électricité suffisante pour fournir assez de lumière. Et souvent, les écoles locales n’ont même pas assez de chaises pour les étudiants qui passent les examens.
De toute évidence, ce n’est pas juste. Il y a une énorme différence entre un candidat qui est assis sur une chaise à l’intérieur et au chaud, et quelqu’un d’autre qui est assis sur ses fesses dans le froid glacial.
Ces régions sous-développées ne sont pas majoritairement peuplées par des Pachtounes [sur les quelque 31 millions d’habitants de l’Afghanistan, 42 % sont des Pachtounes, 27 % des Tadjiks, 9 % des Hazara, 9 % des Ouzbeks, 4 % des Aimak, 3 % des Turkmènes et 2 % des Baloutches, NDLR]
Les gouvernements successifs dominés par les Pachtounes n’ont accordé que peu d’attention à ces régions hazaras, et le gouvernement actuel du président Ashraf Ghani est encore pire que ses prédécesseurs. Alors que dans d’autres régions, beaucoup de choses ont changé et évolué, rien dans celle-ci n’a changé depuis des décennies. Cela met les gens en colère parce qu’ils croient être négligés à cause de la discrimination ethnique.
>> À revoir sur les Observateurs : Des vidéos révèlent des irrégularités lors de la présidentielle afghane
La part consacrée au développement dans le budget de l’État afghan est d’environ 1,8 milliard de dollars par an, dont 12 % sont censés être consacrés à l’éducation. Mais selon un rapport publié en 2017 par le Bureau suprême de contrôle de l’Afghanistan, des millions de dollars manquent à l’appel et personne ne sait où et comment le gouvernement afghan les a dépensés.
L’indice de corruption de l’Afghanistan est l’un des plus élevés au monde, entre 180 et 165, en faisant le cinquième pays le plus corrompu d’Asie après le Turkménistan, la Corée du Nord, le Yémen et la Syrie.
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