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« Monsieur le président, gelez les actifs d’origine douteuse détenus en France par les responsables libanais »

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Tribune. Monsieur le président Emmanuel Macron, le Liban approche à grands pas d’un effondrement économico-politique total. Les Libanais s’enfoncent chaque jour un peu plus dans la pauvreté et le désespoir, sous le poids d’un ensemble de crises économiques et financières, aggravées par la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 et la pandémie de Covid-19. Depuis près d’un an et demi, la monnaie nationale s’est dépréciée de plus de 90 %, le chômage et l’inflation ont explosé tandis que plus de la moitié de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté.

Pire encore, c’est au compte-gouttes et au prix de longues attentes et d’humiliations que les épargnants peuvent retirer, en livres dévaluées, une fraction de ce qui reste de leurs dépôts dans les banques libanaises. Parmi ces épargnants figure la diaspora libanaise en Afrique et ailleurs, dont les virements de 5 milliards à 7 milliards de dollars (4,2 milliards à 6 milliards) par an à leur pays d’origine se sont par conséquent complètement asséchés.

Pour vous être intéressé de très près et avec tant de détermination aux souffrances des Libanais, vous êtes bien placé, Monsieur le président, pour mesurer non seulement l’ampleur de la détresse qui les accable, mais aussi le défi gigantesque que représente pour eux la nécessité absolue de se débarrasser d’une classe politique gangrenée par la corruption et on ne peut plus réticentes aux réformes – que le simple bon sens impose – et que vous n’avez pas hésité à dénoncer depuis votre première visite à Beyrouth au lendemain du désastre du port. Cette corruption endémique et à grande échelle qui a scandaleusement enrichi les dirigeants politiques, en vidant les caisses de l’Etat et en détournant même à leur profit la majeure partie de l’aide financière étrangère accordée au Liban après la guerre civile (1975-1990).

Estimés à 170 milliards de dollars au cours de la période 1993-2012, y compris ceux accordés dans le cadre des conférences 1, 2 et 3 de Paris, ces flux de capitaux entrants correspondent en termes de pouvoir d’achat à la totalité des prêts de 16,5 milliards de dollars consentis par les Etats-Unis dans le cadre du plan Marshall à quinze pays européens, dont le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne occidentale, l’Italie et les Pays-Bas, pour se relever des décombres de la seconde guerre mondiale. Si l’on compare les résultats du plan Marshall en Europe à ceux de l’aide accordée au Liban après sa guerre civile, on ne peut s’étonner que la France et d’autres pays refusent désormais de donner à la classe dirigeante libanaise des chèques en blanc et posent comme condition préalable qu’elle mette en œuvre les réformes requises et qu’elle commence par « s’aider elle-même » pour que d’autres puissent l’aider.

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