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L’avenir économique de Mayotte passe-t-il par le Mozambique, sur la rive africaine du canal du même nom ? Les immenses réserves de gaz sous-marines évaluées à 5 000 milliards de mètres cubes, découvertes au début des années 2010, ont attisé les convoitises de grandes compagnies d’extraction qui se sont associées pour lancer Mozambique LNG, un mégaprojet de gaz naturel liquéfié dont l’entrée en production est prévue pour 2024, dans l’extrême nord du pays. Avec une participation majoritaire de 26,5 % dans ce chantier de 20 milliards de dollars (16,9 milliards d’euros), Total est devenu l’opérateur de ce projet à Afungi, dans la région frontalière de Cabo Delgado, en proie à une insurrection islamiste menée par le groupe Ahlu Sunna wal Jamaa (aussi appelé Al-Chabab, « les jeunes »), qui a fait 2 000 morts depuis 2017 et poussé 670 000 personnes à fuir, selon les Nations unies.
Si cette gigantesque entreprise suscite de vives controverses – tant pour ses conséquences environnementales délétères que pour la militarisation et les tensions sociales et communautaires qu’il génère –, la France a pesé de tout son poids pour que ce champ gazier profite à ses sociétés, désormais nombreuses à y être impliquées. Paris a ainsi accordé des garanties de crédit de 500 millions de dollars au groupe d’ingénierie franco-américain TechnipFMC pour un autre projet gazier voisin de celui de Total. Mayotte espère aussi bénéficier d’une partie de cette manne financière.
Avant de pouvoir être exporté, le gaz, situé à 2 000 mètres de profondeur, doit en effet être acheminé par des gazoducs et liquéfié sur des plates-formes flottantes. Ces importants travaux en mer ont été sous-traités à TechnipFMC. C’est là que Mayotte a une carte à jouer. A 550 kilomètres du site, l’île pourrait fournir à Total une base arrière inespérée.
Attaque djihadiste
TechnipFMC pourrait utiliser les installations portuaires de Longoni pour y accueillir les gros navires d’exploration et y entreposer du matériel. Des négociations sont déjà engagées. Encore faut-il que Mayotte soit en mesure d’apporter les garanties requises sur l’aménagement du port, la sécurisation des installations, les tarifs portuaires, la mise en place d’une zone franche pour les opérations douanières, l’instauration de visas de transit pour les équipages et les personnels en rotation. Après avoir obtenu du gouvernement de Maputo l’instauration d’une zone sécurisée de 25 km autour de ses installations, Total a annoncé, le 24 mars, une « remobilisation progressive » de ses effectifs, qui devraient à terme atteindre 15 000 personnes. Le lendemain, les Chabab lançaient une attaque meurtrière contre la ville de Palma, aux portes du site français, obligeant Total à suspendre de nouveau ses opérations.
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