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La campagne pour l’élection présidentielle en Iran, qui se tiendra le 18 juin, a d’ores et déjà commencé. Non par voie d’affichage dans les rues iraniennes ni dans les médias traditionnels, mais sur Clubhouse, une nouvelle application de tchat audio, disponible uniquement, pour le moment, pour les iPhones et sur invitation. Trop nouvelle pour être interdite (contrairement à Twitter, Facebook et Telegram) mais déjà trop populaire pour être ignorée, cette application attire tous les jours des milliers d’Iraniens qui débattent dans les « rooms » (« chambres ») de sujets politiques et de la présidentielle.
Le 29 mars, l’ancien ministre du pétrole (2011-2013) et commandant des gardiens de la révolution, Rostam Ghassemi, a fait part, par le biais de Clubhouse, de son ambition de se présenter au scrutin de juin. Durant plus de deux heures, il a débattu avec des dissidents iraniens vivant à l’étranger, et avec de fervents soutiens de la République islamique d’Iran, critiques du président modéré Hassan Rohani. Un ancien journaliste vivant aux Etats-Unis a ainsi interpellé le candidat conservateur sur la question des libertés alors que les gardiens de la révolution qui ont, depuis quelques années, leur propre service de renseignement, arrêtent et interrogent militants, journalistes et dissidents.
Ces critiques sont absentes des médias officiels en Iran, qui n’ont pas fait mention de la discussion qui a eu lieu entre le journaliste et M. Ghassemi, chacun d’eux appartenant à une extrémité du spectre politique iranien. Bien que le journaliste ait été critiqué pour ses mots durs par les modérateurs de la discussion, Rostam Ghassemi a tout de même choisi de répondre en défendant les gardiens de la révolution « malgré quelques-uns de leurs manquements sur certaines questions ».
Liberté de ton étonnante
Le débat avec Rostam Ghassemi est loin d’être un cas isolé sur Clubhouse. Presque tous les jours, dans ses forums de discussion se confrontent des royalistes exilés qui souhaitent le retour de la dynastie Pahlavi (renversée en 1979 par la révolution islamique), des soutiens de la chute de la République islamique d’Iran, des ex-prisonniers politiques vivant en exil, des réformateurs aspirant au changement au sein du système et des conservateurs portant un regard méfiant sur l’Occident. Un espace de liberté et de confrontation d’idées inédit.
Ce mélange étonnant et les discussions animées pourraient, dans les semaines qui viennent, mobiliser une partie des électeurs et ainsi faire de Clubhouse le phénomène de la prochaine présidentielle. Cela alors que le dernier scrutin en Iran, les législatives tenues en février 2020, avait été marqué par une abstention record (57,5 %). « Ce qui se passe aujourd’hui sur Clubhouse, malgré les obstacles aux discussions libres lorsque des responsables iraniens sont impliqués, est sans précédent et plus libre que tout ce qui a existé dans le passé », explique Dina Esfandiary, conseillère pour le département du Moyen-Orient du cercle de réflexion International Crisis Group.
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