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Editorial. C’est une plaie ouverte au cœur de l’Europe, que l’on peut raviver au gré des aléas politiques ou diplomatiques du moment. Un regain de tension suscite à nouveau l’inquiétude dans l’est de l’Ukraine, dans la région du Donbass, où, depuis sept ans, les séparatistes prorusses appuyés par Moscou s’opposent aux forces nationales. Les heurts et violations du cessez-le-feu se multiplient depuis le début de l’année, et le 26 mars quatre soldats ukrainiens ont été tués ; la Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement de provoquer une nouvelle escalade dans le conflit.
Parallèlement, des mouvements de troupes russes inhabituels, jugés préoccupants par l’OTAN, ont été observés ces derniers jours près de la frontière ukrainienne. A Kiev, qui dénonce une « provocation », et à Washington, qui met en garde Moscou contre ces manœuvres « d’intimidation », le porte-parole du Kremlin a répondu, jeudi 1er avril, que la Russie déplaçait ses forces sur son territoire comme elle l’entendait et que de telles activités ne devaient alarmer personne.
Ces mouvements ne constitueraient, en effet, aucune source d’inquiétude si Moscou n’avait institué dans la région une instabilité soigneusement entretenue et si les relations entre la Russie et les pays occidentaux n’étaient « au plus bas », comme l’affirme lui-même le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Ce n’est pas par hasard non plus que des manœuvres militaires aient été organisées en Crimée, région de l’Ukraine annexée par Moscou en 2014, où l’Union européenne dénonce une nouvelle campagne de conscription.
Dialogue au point mort
La France et l’Allemagne, engagées ensemble dans un processus visant à amener la Russie et l’Ukraine à résoudre ce conflit, ont relancé leurs efforts. En visite à Paris il y a un mois, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a expliqué que les espoirs de Kiev reposaient désormais sur l’Elysée, qui continue de miser sur un dialogue avec le président Poutine. Mais celui-ci est au point mort, et les tensions diplomatiques causées par le traitement infligé à l’opposant russe Alexeï Navalny, actuellement en grève de la faim en prison, ne le favorisent pas. M. Macron et la chancelière Angela Merkel ont néanmoins eu un entretien téléphonique avec M. Poutine mardi, qui ne semble pas avoir été productif sur la question ukrainienne, le président russe se contentant de rejeter la faute des récents heurts militaires sur Kiev.
Or c’est bien de Vladimir Poutine, et de lui seul, que dépend aujourd’hui le déblocage du conflit ukrainien. Un élément nouveau intervient dans le jeu diplomatique : à la Maison Blanche siège depuis janvier un président qui n’a plus les indulgences de son prédécesseur à l’égard du Kremlin. De fait, Washington a multiplié cette semaine les signes de soutien à l’Ukraine, en rendant publics des entretiens en visioconférence du secrétaire d’Etat Tony Blinken, du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et du chef du Pentagone Lloyd Austin avec leurs homologues à Kiev.
Il reste au président Joe Biden à appeler son collègue ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce qu’il n’a pas encore fait depuis qu’il est installé dans le bureau Ovale. Cette prise de contact serait maintenant opportune, d’autant plus que M. Zelensky a commencé à faire le ménage parmi les oligarques ukrainiens trop proches des intérêts russes. Le message de fermeté qu’exprimerait l’appui de Washington à Kiev au plus haut niveau ne passerait certainement pas inaperçu au Kremlin et renforcerait les efforts européens.
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