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Publié le : 02/04/2021 – 12:55
Plus d’une trentaine de « vaccinodromes » doivent prochainement être opérationnels en France pour donner un coup d’accélération à la campagne de vaccination. France 24 s’est rendu dans celui installé mi-janvier au sein du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Reportage.
« Allez ! Encore, encore, encore ! ALLEEZZ ! » Les encouragements de cet homme à moto sont dirigés aux sprinteurs de l’équipe de France de cyclisme, qui s’entraînent sur la piste du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Les éclats de voix pourraient tout aussi bien s’adresser aux personnels soignants qui vaccinent à tour de bras dans l’espace installé en contrebas au milieu de la piste.
Bienvenue au centre de vaccination géant des Yvelines, au sud-ouest de Paris. Ce vaccinodrome préfigure ce que sera la politique de vaccination massive du gouvernement, qui prévoit d’ouvrir au moins 35 megacentres de ce type à travers le pays pour atteindre l’objectif de dix millions de primo-vaccinés d’ici mi-avril. Le jour de la visite de France 24, mercredi 31 mars, près de 1 600 personnes y ont reçu une dose de vaccin Pfizer/BioNTech ou Moderna. Un chiffre quotidien qui représente plus du triple du nombre de doses injectées chaque semaine en moyenne dans les centres classiques.
Parmi les vaccinés du jour, la plupart avaient pris un rendez-vous en bonne et due forme sur Doctolib, un site qui permet de réserver en ligne ses rendez-vous médicaux. D’autres, comme Nicole Lalau, avaient reçu un coup de fil de leurs élus locaux leur proposant de se faire vacciner.
« Je suis une grande fan du Dr Raoult et, au départ, je n’avais pas vraiment envie de me faire vacciner. Mais quand mon maire m’a appelée pour me proposer ce rendez-vous, j’ai accepté tout de suite… Principalement parce que j’ai hâte de pouvoir ressortir librement », explique la dame de 74 ans, originaire d’une petite commune près de Versailles.
Raymond Vericel, ancien gestionnaire de stocks de 74 ans, a eu moins de chance avec son maire. « J’ai essayé plusieurs fois d’obtenir un rendez-vous sur Internet mais tout était complet. La mairie de ma commune ne faisait que me renvoyer vers Doctolib », explique le retraité. Il a finalement dû s’y reprendre à plusieurs reprises pour obtenir un créneau de vaccination.
Ces deux seniors fraîchement vaccinés ont suivi le même parcours. D’abord un entretien dans un box blanc avec un médecin, qui vérifie d’éventuelles contre-indications et délivre un certificat d’éligibilité à la vaccination selon les critères du gouvernement. L’injection de la dose est généralement réalisée par une infirmière dans un box bleu. Dernière étape, l’enregistrement dans le système Ameli de la Sécurité sociale, ainsi que la confirmation de la date de rendez-vous pour l’injection de la seconde dose.
Le parcours a été organisé pour que les quinze médecins et quinze infirmiers présents ce 31 mars puissent remplir leur tâche le plus vite possible. Les personnels administratifs qui font tourner le vaccinodrome sont quant à eux issus des douze communes qui composent l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines.
« Notre objectif est d’injecter en masse, mais aussi d’éviter un tri social injuste. C’est pour ça qu’on travaille beaucoup avec les CCAS (centres communaux d’action sociale), qui nous amènent des personnes qui ne peuvent pas prendre leur rendez-vous elles-mêmes », explique Sandrine Hector, responsable des relations publiques de l’agglomération.
Pour tenir un rythme de croisière de 1 500 à 2 000 doses par jour, des infirmières se relaient en permanence dans l’espace pharmacie pour transvaser les précieux vaccins des flacons vers les seringues. Leurs collègues en charge des injections défilent à flux tendu pour « réclamer leur dose ». C’est dans cette atmosphère de ruche bourdonnante que les préparatrices s’efforcent de tirer le maximum de chaque flacon : jusqu’à sept doses à partir d’un flacon Pfizer, jusqu’à 12 doses à partir d’un flacon Moderna.
Les flacons de vaccins sont les véritables munitions de cette guerre sanitaire contre le Covid-19. Ils sont à l’abri dans des réfrigérateurs situés dans une pièce dont le responsable du vaccinodrome, Tristan Eybert, garde précieusement les clés. « En général, on reçoit les vaccins pour le jour d’après-demain. L’important pour nous serait d’avoir un approvisionnement le plus régulier possible pour ajuster les rendez-vous et la logistique en amont », explique le responsable, qui travaille pour l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Une nouvelle montée en puissance pour atteindre l’objectif de 5 000 injections par jour lui semble cependant possible. « On pourrait commencer par jouer sur l’amplitude des horaires d’ouverture et vacciner tard le soir, ce qui serait imaginable avec des publics plus jeunes », explique Tristan Eybert. Il faudrait alors que le nombre de personnels soignants et de doses suive. Deux domaines dans lesquels les étoiles sont en train de s’aligner.
Des renforts humains devraient arriver puisque le gouvernement a annoncé la mobilisation des pompiers et des militaires aux côtés des larges catégories de soignants déjà habilités à vacciner. Quant aux « munitions », la France va recevoir tout au long du mois d’avril deux millions de doses hebdomadaires du vaccin Pfizer/BioNTech.
Une aubaine pour les personnels du vaccinodrome, qui sont régulièrement confrontés à la défiance envers le vaccin d’AstraZeneca. « Quand on dit aux gens qu’on va les vacciner au Pfizer, on voit leur visage s’illuminer », affirme Sandrine Hector. « C’est un peu comme si on leur sortait un super Chablis au lieu d’un vin blanc classique ! »
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