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On en bave d’envie ou, selon les tempéraments, on en pleure de dépit. Alors qu’à Washington, le président Joe Biden annonçait fièrement, jeudi 25 mars, qu’il doublait son objectif de vaccination pour le porter à 200 millions d’Américains pendant les cent premiers jours de sa présidence, les dirigeants européens, réunis en visioconférence, perdaient des heures à tenter de convaincre le chancelier autrichien Sebastian Kurz que non, la priorité n’était pas de redistribuer des doses à son pays sous prétexte qu’il avait mal calculé la répartition des vaccins choisis. Ainsi vont l’Union européenne (UE) et son mode de gestion collective.
Depuis, Joe Biden a fait encore mieux : d’ici au 19 avril, dit-il à présent, 90 % des adultes américains qui le souhaitent doivent pouvoir être vaccinés. Les Européens ont fini par comprendre pourquoi les Etats-Unis sont inondés de vaccins, qu’ils gardent jalousement, alors qu’eux, terre de laboratoires et d’usines pharmaceutiques, gèrent la pénurie – solidairement certes, mais chichement. La raison tient en deux mots : l’audace et le risque.
Emmanuel Macron l’a compris aussi. Un peu tard sans doute, mais il croit que tout n’est pas perdu, qu’il peut encore convaincre ses partenaires européens pour le coup d’après. L’audace que l’Europe n’a pas eue, alors que des scientifiques travaillaient dessus dans ses propres laboratoires, c’est d’imaginer qu’un vaccin anti-Covid-19 pouvait être développé en moins d’un an là où d’ordinaire il en faut dix. « On n’a pas pensé que ça irait aussi vite », a reconnu le président français à la télévision grecque.
L’UE essaie de rattraper son retard
Et le risque que l’UE n’a pas pris, c’est celui d’investir massivement dessus, quitte à perdre son argent. Macron, encore : « Les Américains ont eu le mérite dès l’été 2020,de dire, on met le paquet et on y va. Et le “quoi qu’il en coûte” qu’on a appliqué pour les mesures d’accompagnement, eux l’ont appliqué pour les vaccins et la recherche. »
On ne le souligne pas trop car c’est un mauvais souvenir, mais à l’été 2020, Donald Trump était aux commandes. Et on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir le goût du risque. Il a mis 14 milliards de dollars (près de 12 milliards d’euros) de financement fédéral sur l’opération Warp Speed, qui a permis aux laboratoires pharmaceutiques de développer des vaccins à la vitesse de l’éclair sans se soucier de perdre de l’argent.
La Chine et la Russie elles aussi ont « mis le paquet » – le Fonds souverain russe et son patron, Kirill Dmitriev, ont été totalement réorientés sur l’opération Spoutnik V – mais le manque de transparence mine la confiance dans leurs vaccins.
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