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La pollution en Sibérie, un sujet trop sensible, à en croire les scientifiques russes

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Le 6 juin 2020, un travailleur du ministère russe des urgences intervient dans une rivière, après une fuite de pétrole provenant de la compagnie minière Norilsk Nickel. Le 6 juin 2020, un travailleur du ministère russe des urgences intervient dans une rivière, après une fuite de pétrole provenant de la compagnie minière Norilsk Nickel.

Il fallait un œil expert pour plonger dans l’ordre du jour de la réunion organisée le 25 mars par le présidium de la branche sibérienne de l’Académie des sciences de Russie. Entre les inévitables questions administratives et un exposé sur la gestion des écosystèmes aquatiques, le point 4.1.2 attire l’attention d’Elia Kabanov, journaliste scientifique du média régional tayga.info : « présentation du rapport “Le classement médico-écologique des villes de Sibérie” » par l’un de ses auteurs, Igor Ptachnik, directeur de l’Institut d’optique atmosphérique. En clair, la liste des villes où il ne faut surtout pas vivre, s’amuse un des participants.

« Nos lecteurs sont intéressés par les questions liées à la pollution et au changement climatique, explique au Monde Elia Kabanov, lui-même originaire de Novossibirsk, la capitale régionale. J’ai regardé la retransmission sur YouTube. Et quand j’ai compris qu’elle n’allait pas rester longtemps en ligne, vu les réactions que suscitait le rapport, je l’ai tout de suite sauvegardée sur mon ordinateur. »

Sage prémonition : le lendemain, la vidéo disparaît bel et bien de la plate-forme. Et le rapport, lui, paraît promis à un enterrement de première classe. Trop sensible, surtout « à l’approche des élections », s’était ému l’un des participants. Sauf que l’article sur le sujet publié par M. Kabanov connaît, depuis, un retentissement bien plus important, au-delà de la seule Sibérie.

Plus de maladies dans la région sibérienne

Le rapport du professeur Ptachnik, synthèse des travaux menés par diverses agences gouvernementales, y est décortiqué. Premier chiffre choc : parmi les villes les plus polluées de Russie, les quatre cinquièmes se trouvent dans le district fédéral sibérien, qui représente 25 % du territoire russe et 11 % de sa population. En tout, 23 villes de cette super-région ont des niveaux de pollution atmosphérique dépassant les normes – neuf dans la seule région d’Irkoutsk, cinq dans celle de Krasnoïarsk.

Le polluant le plus communément trouvé dans les 14 villes de Sibérie les plus touchées est le benzopyrène, un hydrocarbure fortement cancérigène, produit aussi bien par l’industrie que par les gaz d’échappement. A Kyzyl, sa concentration dépasse 116 fois les niveaux autorisés ; à Abakan, 88 fois…

S’agissant de la pollution des sols, le constat n’est pas moins alarmant. Dans la ville minière de Norilsk, la terre est gorgée de métaux lourds – plomb, zinc, nickel, cuivre, etc. A Novokouznetsk, c’est du nitrate et du fluorure que l’on trouve en abondance. Les eaux de la République de Touva, dont Vladimir Poutine aime arpenter la nature sauvage, sont polluées à 67 %.

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