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L’entrée en matière fut brutale, à l’image de l’affaire qui, durant quatre semaines, va tenir les Etats-Unis en haleine. Une heure à peine après les premières prises de parole lors du procès du policier accusé du meurtre de George Floyd, lundi 29 mars, devant le tribunal de Minneapolis (Minnesota), l’accusation a soumis aux jurés l’intégralité de la vidéo qui a choqué le monde et provoqué des manifestations historiques contre le racisme et les violences policières au printemps et durant l’été 2020.
Durant plus de neuf minutes, l’officier de police blanc, Derek Chauvin, maintient, impassible, son genou sur le cou du quadragénaire noir, allongé sur le ventre, les mains menottées dans le dos. A vingt-sept reprises, l’homme halète : « Je ne peux plus respirer ». Les passants, affolés par la longue agonie puis le silence insoutenable de George Floyd, interpellent les policiers de manière de plus en plus pressante. En vain.
Cette vidéo d’une violence inouïe hantera sans nul doute chaque minute de ce procès, diffusé en direct par la plupart des grands médias américains. Complétée par l’analyse minutieuse d’images filmées sous des angles différents et les multiples témoignages de passants et d’experts, elle constitue la pièce maîtresse de l’accusation, qui compte « prouver au-delà du doute raisonnable que M. Chauvin est loin d’être innocent ».
En immobilisant comme il l’a fait un homme « non armé et menotté », interpellé pour avoir payé des cigarettes avec un faux billet de 20 dollars, le policier a « trahi » son serment et « son badge » et fait « un usage excessif et déraisonnable de la force », a assuré d’emblée le procureur Jerry Blackwell. « Vous pouvez en croire vos yeux : ceci est un homicide. » M. Chauvin est inculpé de meurtre et d’homicide involontaire et risque de dix à quarante ans de prison.
« Il s’agit d’un lynchage des temps modernes »
Pour la défense, qui plaide non coupable, cette thèse ne tient pas. L’avocat du policier, Eric Nelson, va au contraire s’efforcer de démontrer que son client a fait un usage de la force conforme à sa formation et que la mort de M. Floyd ne peut pas lui être imputée. « L’usage de la force est une composante nécessaire du maintien de l’ordre. »
Par l’émotion qu’elle a soulevée et les débats qu’elle a provoqués sur la brutalité de la police et le racisme systémique au cœur de l’institution, cette affaire dépasse largement le seul cadre d’une interpellation qui aurait mal tourné. Elle sera d’ailleurs suivie « avec attention » par le président Joe Biden, a indiqué lundi sa porte-parole.
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