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Après trois semaines consacrées à la sélection des jurés, les débats sur le fond ont débuté, lundi 29 mars, au procès du policier américain Derek Chauvin, jugé pour meurtre et homicide involontaire dans l’enquête sur la mort de George Floyd à Minneapolis, le 25 mai 2020.
« Aujourd’hui commence un procès historique, qui sera un référendum sur le chemin parcouru par l’Amérique dans sa quête d’égalité et de justice pour tous », a déclaré Ben Crump, l’avocat de la famille de l’Afro-Américain de 46 ans, juste avant l’audience. La mort de M. Floyd avait été filmée et mise en ligne par une passante. Les images ont fait le tour du monde et déclenché des manifestations dans les rues de New York, Seattle, Paris ou Sydney, afin de dénoncer le racisme et les violences policières envers les minorités.
« Chauvin est sur le banc des accusés, mais c’est l’Amérique qui est en procès », a jugé le révérend Al Sharpton, un militant des droits civiques venu exprès à Minneapolis pour cette audience « historique ». C’est un célèbre avocat afro-américain, Jerry Blackwell, du côté de l’accusation, qui a ouvert les débats, lundi, dans un bâtiment public transformé en camp retranché à l’occasion de ce procès exceptionnel, qui devrait durer trois à quatre semaines.
Derek Chauvin a « trahi » son serment de policier et fait « un usage excessif et déraisonnable de la force » contre George Floyd, a-t-il déclaré d’emblée aux jurés. « Nous allons vous prouver au-delà du doute raisonnable que M. Chauvin est loin d’être innocent », a poursuivi Jerry Blackwell, en rappelant que le policer est resté agenouillé sur le cou du quadragénaire, plaqué au sol et menotté, pendant neuf minutes et vingt-neuf secondes.
« Quatre cent soixante-dix-neuf secondes »
Il leur a ensuite montré une vidéo du drame. Sur cet enregistrement, George Floyd râle, halète, supplie « je ne peux pas respirer », avant de perdre connaissance. Poursuivant son premier argumentaire, le procureur a tenu à considérer que ce procès n’est « pas le procès de la police, ou des méthodes policières ». Pour lui, les policiers « font un travail difficile et doivent parfois prendre des décisions en une fraction de seconde », mais, a-t-il poursuivi, « ce n’est pas le cas ici ». La scène a duré « quatre cent soixante-dix-neuf secondes, pas une fraction de seconde », a-t-il martelé.
L’avocat de Derek Chauvin, Eric Nelson, a assuré en retour que « Derek Chauvin avait fait exactement ce qu’il a été formé à faire au cours de ses dix-neuf ans de carrière ». « Ce dossier porte sur les preuves qui vont vous être présentées » pendant les trois à quatre prochaines semaines, a-t-il dit aux jurés, avant de poursuivre : « Il n’y a pas de cause politique ou sociale dans la salle d’audience. »
Le verdict est attendu pour la fin avril ou le début de mai. Les douze jurés devront se prononcer à l’unanimité, sans quoi le procès sera considéré comme nul. Ce scénario, ou un acquittement, pourrait déclencher de nouvelles manifestations à Minneapolis. Les poursuites et les condamnations de policiers pour des violences commises dans l’exercice de leurs fonctions sont rares aux Etats-Unis.
La mairie de la ville, qui a décidé de réformer les services de police en profondeur, a accepté à la mi-mars de verser 27 millions de dollars de dédommagement à la famille de George Floyd pour qu’elle mette un terme à sa plainte au civil. En raison de l’épidémie due au Covid-19, les trois autres policiers impliqués dans le drame, Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao, seront jugés en août, pour « complicité de meurtre ».
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