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« Les organisations de la société civile vont là où l’Etat ne va pas »

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Tribune. Des pays du Nord aux pays du Sud, les organisations de la société civile (OSC) assument de façon croissante des missions qui relèvent du service public. Mais elles les assument dans une incertitude permanente, qui fragilise l’accès aux droits sociaux pour les populations concernées et, par là, accentue les inégalités.

A l’heure où la crise sanitaire produit déjà ses effets sociaux, où la justice climatique devient un impératif immédiat, il est plus que jamais nécessaire de repenser le rôle des OSC dans l’action publique et d’inscrire cette refondation dans le droit.

Nous vivons en effet sur l’idée, venue de trois siècles d’histoire, que la responsabilité de l’Etat est de protéger les droits de l’individu. L’architecture institutionnelle des sociétés démocratiques délimite les espaces respectifs de l’Etat et de la société civile, les inscrit dans le droit et organise leurs interactions. Elle exprime par là certains des termes essentiels du contrat social, en particulier le fait que l’Etat soit en charge de répondre aux besoins sociaux premiers – alimentation, éducation ou santé – et d’assurer le fonctionnement des services sociaux de base.

Mais ces termes ont changé. Depuis la révolution conservatrice des années Reagan-Thatcher et l’hégémonie conquise par la pensée néolibérale, l’Etat joue de moins en moins ce rôle social, ou le joue plus difficilement. Il le joue de moins en moins au Nord et rien ne dit que le « retour » actuel de l’Etat face à la crise sanitaire sera plus durable qu’il ne l’a été après la crise de 2008.

Il ne le joue que très difficilement au Sud en raison, notamment, des faiblesses structurelles issues des passés coloniaux.

Accès aux soins, secours alimentaire

Le Nord et le Sud décrivent deux mondes distincts, mais au Nord et au Sud, on voit les OSC aller là où l’Etat ne va plus et prendre en charge une part des missions protectrices qui relevaient antérieurement de la puissance publique.

Elles assument ces missions de façon croissante en matière d’accès aux soins, de secours alimentaire, d’aide à la scolarité ou de protection des populations les plus fragiles ; mais sans que soient pensées les conditions qui leur permettraient de garantir la qualité et la continuité des services qu’elles assurent ; sans que soient repensés également leur statut et leur place aux côtés de la puissance publique. Le plus souvent, elles travaillent dans une incertitude permanente qui fragilise leur action et, du même coup, fragilise l’accès aux droits pour les populations concernées.

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