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Alice Ekman : « La Chine devient plus que jamais une puissance clivante »

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Par Harold Thibault

Publié aujourd’hui à 07h00

Spécialiste de la Chine à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne à Paris, Alice Ekman analyse la politique chinoise pour se faire entendre sur la scène internationale afin d’en redéfinir les concepts, les normes et les standards, des relations interétatiques aux droits de l’homme.

La crise due au Covid-19 accélère-t-elle la montée en puissance chinoise ?

Il existe une double réception de l’offre chinoise en temps de Covid : une Chine qui agace et une Chine qui attire. L’acceptation de l’offre chinoise, et donc de son ascension, se consolide auprès de certains pays alors qu’au même moment la méfiance à l’égard de la Chine se renforce dans d’autres. La communication autour de la diplomatie des masques a énervé plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE), tout comme l’opacité sur l’origine du virus et les limites imposées à l’équipe d’enquêteurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)… Au-delà de l’Europe, de nombreux pays ont montré des signes d’agacement vis-à-vis de la Chine, tels que l’Australie, le Canada, l’Inde et bien sûr les Etats-Unis, alors que les tensions technologiques et commerciales se poursuivent.

La Chine a mené une diplomatie sanitaire et technologique particulièrement active depuis le début de la pandémie, incluant des dons et des ventes de caméras thermiques par des entreprises de vidéosurveillance (Hikvision ou Dahua), de systèmes de vidéoconférence de Huawei, de drones. Toutes ces technologies ont été acceptées sans difficultés par certains pays tels que l’Argentine, le Costa Rica, le Sri Lanka ou encore le Pakistan. Par ailleurs, la Chine parvient à signer plusieurs accords commerciaux, comme le RCEP en Asie-Pacifique (signé en novembre 2020) ou l’accord de principe sur les investissements avec l’UE signé en décembre 2020, juste avant la fin de la présidence allemande de l’UE et l’arrivée de Joe Biden à la tête des Etats-Unis.

« La prise de conscience de la dépendance au marché chinois s’est accélérée pendant la pandémie de Covid-19, mais la réorganisation des chaînes d’approvisionnement va prendre du temps »

Ces exemples rappellent que la Chine n’est pas une puissance isolée, qu’elle continue de diversifier ses partenariats, même si en parallèle elle agace un nombre significatif de pays. Il existe aujourd’hui des besoins que la Chine est en mesure de combler, même partiellement : c’est par exemple le cas des vaccins. Les vaccins chinois, statistiquement moins efficaces que d’autres, ne sont souvent pas les premiers choix, mais ils trouvent leur marché, à l’heure où l’offre est très tendue et où beaucoup de pays cherchent à diversifier leur approvisionnement. Surtout, la Chine reste incontournable de par son statut de deuxième puissance économique mondiale, qui est aujourd’hui consolidé. Elle est l’un des premiers pays à reprendre le chemin de la croissance économique, et dans ce contexte elle reste un marché-clé.

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