Au large des côtes françaises, près de 10.000 dauphins meurent piégés dans des filets de pêche chaque année, dont un millier de cadavres s’échouent ensuite sur nos plages. Face à ce terrible constat, les mesures proposées par le gouvernement – basées sur le volontariat – sont jugées insuffisantes. Les associations C’est Assez!, L214 et les fondations 30 Millions d’Amis et Brigitte Bardot adressent à la ministre de la Mer une pétition pour interdire temporairement la pêche dans les zones de présence des cétacés. Unique espoir de garantir l’avenir de l’espèce.
Cessons l’hécatombe ! Le long des côtes Atlantiques françaises, les navires de pêche déploient leurs filets dans les eaux riches en poissons… où se trouvent également des dauphins, venus se nourrir. Si le dauphin commun – classé « Vulnérable » sur la Liste rouge des mammifères du Poitou-Charente (INPN) – ne fait pas partie des espèces ciblées par les pêcheurs, ces animaux marins se retrouvent néanmoins piégés dans leurs filets et meurent asphyxiés, ne pouvant plus remonter à la surface pour respirer. Si la plupart des cadavres sombrent directement au fond de l’océan, une partie flotte jusqu’à nos côtes. Ainsi, au cours de l’année 2020, 1.100 dauphins échoués ont été signalés sur les plages françaises. Selon l’observatoire Pelagis du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS), « la quasi-totalité [des dauphins autopsiés] présentait des traces de captures externes et/ou internes ». Autrement-dit, des blessures infligées par les filets et des signes d’étouffement.
Sommée par la Commission européenne de se conformer à la Directive européenne « Habitats » imposant la protection du dauphin commun, la ministre de la mer Annick Girardin a dévoilé début mars 2021 un plan constitué de 7 engagements, parmi lesquels : améliorer les connaissances relatives à la répartition des cétacés, équiper 87 chalutiers avec des répulsifs acoustiques (« pingers »), ou encore, tester l’embarquement de caméras et la présence d’observateurs à bord des navires… sur la base du volontariat des pêcheurs eux-mêmes. Des mesures largement insuffisantes, dénonce l’association C’est Assez!, à l’initiative d’une pétition co-signée par les Fondations 30 Millions d’Amis et Brigitte Bardot et par l’association L214. « Nous demandons à la ministre de la Mer de mettre en place la seule mesure jugée efficace par les scientifiques pour éviter ce massacre, en interdisant la pêche pendant les quatre mois de l’année où les dauphins sont les plus susceptibles de se retrouver piégés dans les filets », explique Christine Grandjean, présidente de C’est Assez!.
« En l’état des connaissances et des moyens de réduction des captures connus (répulsifs acoustiques), les experts du Conseil International d’Exploration de la Mer ont conclu que seules les fermetures de pêche à certaines périodes auront une efficacité, confirme le Dr Hélène Peltier, Ingénieure de recherche à l’observatoire Pelagis, jointe par 30millionsdamis.fr. Ceci est dans l’état des connaissances et des moyens techniques actuels. » Les captures « accidentelles » de dauphins sont en effet plus nombreuses en hiver (de janvier à fin mars), bien que des cas aient également été documentés depuis quelques années en été dans le sud du Finistère. « Les conditions de dérive en été (très peu de vent) font que si des captures surviennent hors des zones très côtières, il est très peu probable qu’elles soient détectées dans les échouages », précise la chercheuse.
« Les intérêts des lobbys ne peuvent justifier l’inaction du gouvernement »
« On ne peut pas demander aux pêcheurs de cesser – même temporairement – l’activité qui leur permet de vivre, sans compensation financière », reconnaît toutefois Christine Grandjean. Les auteurs de la pétition prônent donc la création d’un « fonds d’assurance » garantissant aux pêcheurs un revenu pendant la période d’interdiction, sur le modèle du fonds de solidarité créé pour soutenir les restaurateurs affectés par les mesures sanitaires contre la Covid-19. Les ONG réclament de surcroît une interdiction totale de la pêche dans les zones classées « Natura 2000 » (N2K), des sites désignés pour « protéger un certain nombre d’habitats et d’espèces représentatifs de la biodiversité européenne ». Selon le ministère de la Transition écologique et solidaire, la France compte quelque 1.776 sites classés N2K, dont 212 sites marins couvrant un tiers de la surface marine de la zone économique exclusive. Si les activités humaines – telles que la pêche – y sont autorisées, celles-ci ne doivent pas nuire à la biodiversité. « Les zones N2K sont nombreuses, et dans toutes il y a généralement des dauphins et des activités de pêche », explique le Dr Peltier.
« Ces images de dauphins étendus sur nos plages, le corps supplicié et couvert de blessures, sont intolérables. Elles doivent nous pousser à agir contre ce massacre. La mobilisation citoyenne vue ces dernières semaines témoigne d’une prise de conscience qui doit impérativement se traduire par des mesures ambitieuses au niveau politique, déclare Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. Les intérêts des lobbys ne peuvent en aucun cas justifier l’inaction d’un gouvernement quand il s’agit de préserver la survie d’une espèce protégée. » A bon entendeur !
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