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LETTRE DE SAN FRANCISCO
Il a repris son bâton de candidat. Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, est reparti en campagne, et ce n’est pas pour défendre son bilan – contrasté – dans la lutte anti-Covid-19. Cette fois, il s’agit de sauver son poste, menacé par l’une de ces joies de la démocratie californienne : la procédure de rappel (recall) qui permet de révoquer un élu avant le terme de son mandat.
Elu en 2018 (avec plus de 60 % des voix), Gavin Newsom va selon toute vraisemblance devoir revenir devant les électeurs, un an avant la date normale. Il va en coûter plus de 80 millions de dollars (68 millions d’euros) aux contribuables californiens, mais certains, côté républicain, sont très impatients.
Les partisans du « recall » avaient jusqu’au 17 mars pour soumettre 1,5 million de signatures d’électeurs réclamant un nouveau scrutin. Ils en ont déposé 2 117 730, soit un nombre suffisant pour compenser les contestations ou rétractations éventuelles. Le bureau des élections dispose de six semaines pour vérifier les signatures ; l’assemblée de l’Etat débattra ensuite du coût de la procédure. Il reviendra à la secrétaire d’Etat de fixer la date du scrutin.
L’élection ne devrait pas intervenir avant novembre mais les médias se lèchent déjà les babines. Le « recall » va être la grande affaire de la rentrée, ne serait-ce que parce que la vice-présidente et ex-procureure générale de Californie, Kamala Harris, est une amie de Gavin Newsom – ils ont connu des ascensions parallèles à San Francisco.
Un scrutin d’un mode particulier
A en croire les politologues, le scrutin californien va se transformer en une « guerre de proxy » pour 2022 et les élections de mi-mandat, dont les partisans de Donald Trump rêvent de faire la revanche de 2020. Le Parti républicain a contribué pour 250 000 dollars à l’opération de collecte de signatures contre « Gavin », présenté comme un apprenti-dictateur ayant profité de la situation sanitaire pour « choisir les gagnants et les perdants de la pandémie ».
Dans un Etat où Donald Trump n’a recueilli que 34 % des voix, le gouverneur démocrate ne devrait pas avoir de difficulté pour l’emporter. La coalition qui a organisé la fronde a peu de chances d’attirer les électeurs indépendants si elle ne s’élargit pas au-delà des grognons actuels (anti-vaccins, pro-QAnon, anti-immigrants).
Mais le « recall » californien est un scrutin d’un mode particulier, qui autorise toutes les surprises. Deux questions sont soumises simultanément aux électeurs : êtes-vous favorable au rappel du gouverneur ? Si oui : qui préférez-vous pour le remplacer ? La liste des prétendants peut s’allonger à l’infini. En 2003, lors du recall de Gray Davis, un démocrate assez impopulaire, contesté à une époque d’énervement comparable contre la crise de l’énergie et les lourdeurs bureaucratiques californiennes, les candidats à a succession étaient 135. Le vainqueur fut Arnold Schwarzenegger, le Terminator.
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