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Publié le : 25/03/2021 – 18:50
Le camp d’Alexeï Navalny a dénoncé jeudi des menaces sérieuses pesant sur « la vie et la santé » de l’opposant russe incarcéré, qui affirme être torturé par privation de sommeil. Les autorités pénitentiaires démentent et assurent que son état de santé est « stable et satisfaisant ».
Torture par privation de sommeil et « fortes douleurs ». Les autorités russes ont-elle réservé un traitement spécial à la bête noire de Vladimir Poutine ? Le camp d’Alexeï Navalny a dénoncé jeudi 25 mars des menaces sérieuses pesant sur « la vie et la santé » de l’opposant russe incarcéré, en réponse aux services pénitentiaires qui jugent au contraire son état « satisfaisant ».
Dans une plainte adressée aux autorités et publiée jeudi sur son site, ce farouche critique du Kremlin a expliqué être réveillé « huit fois par nuit » par ses geôliers.
Les gardes « me privent de sommeil, il s’agit de facto d’un recours à la torture par privation de sommeil », a-t-il écrit.
Dans une autre lettre également envoyée à l’administration pénitentiaire et au parquet général, Alexeï Navalny a demandé à « recevoir des soins », alors que ses partisans ont affirmé que sa santé se dégradait.
Son avocate, Olga Mikhaïlova, a indiqué jeudi qu’il souffrait de « fortes douleurs » au dos et à la jambe droite, disant craindre pour « la vie et la santé » de l’opposant, victime d’un empoisonnement à l’agent neurotoxique en août dernier dont il accuse le Kremlin.
« Pour moi son état de santé est bien sûr extrêmement problématique », a-t-elle déclaré à la chaîne d’opposition Dojd. Dans la journée, elle a finalement pu rencontrer l’opposant dans sa prison, après avoir échoué à le voir la veille.
Selon elle, Alexeï Navalny a été conduit mercredi soir dans un « hôpital public » où il a pu effectuer un examen IRM, sans qu’un diagnostic ne lui soit toutefois transmis.
Une prescription d’ibuprofène
L’opposant de 44 ans a survécu de justesse à un empoisonnement à un agent neurotoxique l’année dernière, qu’il impute au Kremlin. Et son avocate a jugé qu’il pouvait y avoir un rapport entre ses problèmes actuels et les séquelles de cet empoisonnement.
Les services pénitentiaires (FSIN) de la région de Vladimir, près de Moscou, où est emprisonné l’opposant, ont réagi jeudi matin en affirmant que des examens médicaux avaient été effectués et que l’état d’Alexeï Navalny avait été « jugé stable et satisfaisant ».
De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que l’administration présidentielle « ne suit pas » la situation et « n’a demandé aucune information » sur la santé d’Alexeï Navalny.
Condamné en février à deux ans et demi de prison pour une affaire de fraude datant de 2014, que lui-même, les ONG et de nombreuses capitales occidentales jugent politique, l’opposant est emprisonné depuis début mars dans une colonie pénitentiaire réputée très dure à Pokrov, à 100 km de la capitale russe.
Mercredi, son avocate Olga Mikhaïlova a indiqué à l’AFP qu’un neurologue avait examiné Alexeï Navalny pour ses douleurs au dos et ses problèmes aux jambes, mais que celui-ci ne lui avait prescrit que de l’ibuprofène, un anti-inflammatoire courant.
Une routine digne des Stormtroopers
Depuis son arrivée à Pokrov début mars, Alexeï Navalny avait publié deux messages sur Instagram au ton railleur et optimiste.
Dans le premier, il affirmait que l’administration pénitentiaire avait « réussi à (le) surprendre » : « Je ne pensais pas qu’on pouvait construire un camp de concentration à 100 km de Moscou », écrivait-il.
Dans le second, il comparait sa routine quotidienne à celle des Stormtroopers, ces soldats de la saga Star Wars, à cause de la discipline rigide faite d’exercices physiques dans la cour et de marches sur place au pas cadencé.
Arrêté en janvier dès son retour à Moscou après cinq mois de convalescence en Allemagne, où il se remettait de son empoisonnement, Alexeï Navalny a été condamné à deux ans et demi de prison.
Il était tombé subitement dans le coma en août dernier en Sibérie. Après son évacuation en Allemagne, plusieurs laboratoires européens ont estimé qu’il avait été empoisonné à l’aide d’un agent innervant de conception soviétique, le Novitchok.
Mais Moscou a toujours rejeté ces conclusions qui accréditent la thèse d’une tentative d’assassinat orchestrée par le pouvoir russe. Aucune enquête n’a été ouverte en Russie.
Des sanctions visant des hauts responsables russes ont été prises par l’Union européenne, les États-Unis et le Canada à la suite de son emprisonnement.
Avec AFP
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