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Mouctar Diakhaby : « Je suis simple, je suis humble, je suis accessible »

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Voici quelques extraits de notre interview de Mouctar DiakhabyL’intégralité de cet entretien de 8 pages est à retrouver dans le magazine n°338 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 22 février. 

« Il faut savoir que le FC Nantes n’était pas le club qui me convenait pour réussir »

« Il faut savoir que le FC Nantes n’était pas le club qui me convenait pour réussir »

Mouctar Diakhaby Credit Photo – Icon Sport

Tu as grandi dans la région nantaise, à Malakoff. Quels souvenirs gardes-tu de cette période ?

J’ai vécu une enfance tranquille. J’ai quatre sœurs et un frère. Je suis l’ainé de la famille. Je garde de bons souvenirs de cette époque car jeunesse rime avec insouciance. On ne se posait pas de questions, on ne pensait pas à l’avenir, on vivait l’instant présent. C’est le frère d’Abdoulaye Touré qui m’a initié au foot en club. Il voyait que j’étais bon, que je passais mes journées dehors à jouer. Un jour, il a décidé de nous amener avec d’autres petits dans le club où il jouait. Et ça s’est fait comme ça.

Tu étais quel type de garçon ?

J’étais un garçon discret, pas du tout turbulent. À l’école, par contre, c’était plus compliqué. Au tout début, ça allait encore, mais quand je me suis mis en tête de réussir dans le foot, j’avoue que j’ai mis les études au second plan. Je ne me suis jamais donné les moyens de réaliser un bon parcours scolaire.

C’est quoi ta plus grosse bêtise de jeunesse ?

J’ai rien en tête.

Après un bref passage à Nantes durant ta jeunesse, tu as de nouveau tenté ta chance chez les Canaris après une grosse saison avec Vertou. Tu voulais à tout prix intégrer le FCNA ?

Pas du tout ! Il faut savoir que le FC Nantes n’était pas le club qui me convenait pour réussir. Mon père avait eu une discussion avec les dirigeants et il leur a signifié qu’on ne voulait pas continuer là-bas. Malheureusement, les dirigeants ne l’ont pas très bien pris. Derrière, j’ai commencé à chercher un nouveau club où j’allais pouvoir m’épanouir.

Finalement, après une multitude de tests, tu signes à Lyon. Tu étais soulagé ?

Bien sûr ! J’avais fait un paquet d’essais et je sortais de deux années à Vertou. À ce moment-là, je voyais certains coéquipiers partir vers des clubs pros, ça commençait à travailler dans ma tête, d’autant plus qu’on avait une bonne génération. Au moins sept gars avaient signé dans des clubs pros et moi, je suis resté une saison de plus. Finalement, c’était pas une année de trop, mais une année tremplin.

Ça fait quoi d’être recruté par l’OL, considéré par beaucoup comme le meilleur club formateur de France ?

C’était assez spécial. Moi-même, je n’y croyais pas trop. Tu te dis quand même que c’est un truc de fou. À l’époque, j’avais eu des contacts avec Vannes, Rennes, Angers, mais aucun n’a jamais donné suite. Le club qui a été le plus concret, c’est entre guillemets le plus gros club. Donc je ne pouvais pas espérer mieux.

Là-bas, tu frappes fort avec notamment une finale de Gambardella. Tu t’en souviens ?

Bien sûr que je m’en souviens ! Cette année-là, si mes souvenirs sont bons, je n’avais pas été super bon. En tout cas, je considère que je n’avais pas réussi une bonne saison. En CFA, je jouais plus ou moins. Et en Gambardella, on avait signé un parcours incroyable jusqu’en finale en ne battant que des gros : Lille, Rennes, Toulouse, Nice… Ils ne nous avaient pas fait de cadeaux sur les tirages et on s’en était bien sorti. La génération 96-97, c’était une bande de potes. On s’entendait tous bien, on était comme des frères.

Très vite, tu rejoins le groupe professionnel. Tu réalises à ce moment-là ?

Non, je ne réalise pas forcément, je ne réalise pas forcément la chance que j’ai. Surtout, il faut savoir qu’au début, on me parlait de prêt à Bourg-en-Bresse. En plus, j’avais un contrat pro, mais je ne m’entraînais pas avec les pros. C’était fréquent à Lyon, je n’étais pas seul dans ce cas. Et puis, j’ai fait la pré-saison avec eux et le coach, Bruno Génésio, a apprécié mon travail. Il m’a mis lors d’un match de préparation et c’est à partir de ce jour-là que tout a commencé. Il a vu que je pouvais jouer à ce niveau, je pense même que certains ont été surpris.

Tu t’y attendais vu la confiance que tu as en toi…

Je ne m’y attendais pas forcément, mais je savais que j’avais quelque chose à gratter. Je me suis donné les moyens, je me suis montré carré et j’ai saisi l’opportunité.

« Par exemple, j’étais sous contrat et on était en négociation pour une prolongation. Quand tu es jeune, ces choses-là te montent vite à la tête »

« Par exemple, j’étais sous contrat et on était en négociation pour une prolongation. Quand tu es jeune, ces choses-là te montent vite à la tête »

Si je te dis 10 septembre 2016, ça t’inspire quoi ?

10 septembre 2016, ça fait un peu plus de quatre ans… Je suis dans ma troisième saison à Valence, donc ça devait être ma première saison à Lyon. Je dirais mon premier match contre Bordeaux…

Exactement ! Quels souvenirs tu gardes de ce match ?

De très bons souvenirs ! C’est là où je me suis révélé au grand public et c’est là où j’ai pu faire mes preuves malgré la défaite 3-1. Le côté positif, c’est que j’ai pu montrer que j’avais le niveau. J’avais été solide, je me rappelle des éloges dans les médias. J’étais content, mes parents aussi.

Autre date : le 30 novembre 2016…

Ligue des Champions, Juventus !

Non…

30 novembre 2016… (long silence) J’ai dû marquer ?

C’est ça !

Par contre, mon premier but pro, je ne me souviens pas contre qui je l’ai mis.

C’était contre Nantes.

Ah oui, c’est ça, énorme ! Je ne m’en rappelais pas (rires).

J’allais te demander si ça avait une saveur particulière de marquer son premier but contre le club qui t’a fermé ses portes, visiblement non ?

Ça avait quand même une saveur particulière parce que je viens d’un quartier populaire de Nantes. Avec Abdoulaye Touré, on vient du même endroit, Malakoff. Et on avait invité tout le monde. Du coup, quand j’ai marqué, il y a tellement de personnes qui se sont levées que même mes coachs sont venus me voir à la fin du match pour me dire : « On a jamais vu ça ». Gérald Baticle et Bruno Génésio étaient impressionnés et en même temps choqués. C’était un match en semaine, il faisait froid, le stade n’était pas plein. Alors ça s’est vu et entendu quand j’ai marqué. Mais c’est vrai qu’inscrire un but à la Beaujoire, j’étais vraiment content. Je me rappelle l’avoir bien célébré (rires). À la limite, ce n’était même pas pour leur dire : « Vous avez loupé quelque chose » ou « Tenez ». C’était plutôt en mode : « Je suis fier de ce que j’ai accompli, on m’a fermé des portes et je suis quand même là ».

Lors de cette saison 2016-2017, tu deviens rapidement la révélation gone avec notamment ta fin d’exercice incroyable en Ligue Europa (3 buts marqués). Tu ne t’es dit pas que ça allait trop vite. 

Franchement, je ne m’attendais pas à franchir autant de paliers aussi vite. Mais revenons après Bordeaux, je vais t’expliquer ce qu’il s’est passé. Après les Girondins, j’ai enchaîné des rencontres hors groupe. Et la semaine avant la Juventus, le coach était sur mes côtes. Il n’arrêtait pas de me parler. Je ne comprenais pas ce qu’il avait derrière la tête. Et finalement, il me met titulaire contre la Juventus pour mon deuxième match. Je me suis dit : « Wouah, il a de l’audace quand même ! ». Sachant que je sortais d’une rencontre en CFA le week-end. Ça, ça m’avait vraiment marqué.

C’était une saison de rêve pour toi conclue par un superbe parcours en Europa League…

C’est ça. J’avais marqué quelques buts en Europa, notamment la Roma aller-retour. Arriver en demi-finale de l’Europa League, c’était quelque chose. Juste le fait de vivre ça, de découvrir des stades européens, des vraies ambiances… On avait joué à Rome, à Besiktas. Il y avait eu aussi l’envahissement de terrain à la maison contre Besiktas avec beaucoup de Turcs dans les tribunes. On dirait qu’on jouait à l’extérieur. C’était une super année.

L’année d’après s’est révélée plus compliquée. On dit souvent que confirmer, c’est ce qu’il y a de plus dur. Vrai ?

Tout à fait ! La saison d’après, je n’ai pas su confirmer. Je n’ai pas su gérer ce qu’il s’était passé avant. Et quand je dis que je n’ai pas su gérer, on ne m’a pas forcément aidé. Par exemple, j’étais sous contrat et on était en négociation pour une prolongation. Quand tu es jeune, ces choses-là te montent vite à la tête. J’étais un petit peu ailleurs. J’ai commencé la saison sur le banc et en même temps, le club a recruté Marcelo et repositionné Morel dans l’axe car il ne voulait plus jouer à gauche. En début de saison, je ne joue pas du tout. Ensuite il m’aligne contre Angers, je fais un bon match et je marque. Derrière, j’enchaîne parce que Marcelo prend un carton rouge. Mais, le coach avait sa charnière et ça tournait déjà. Moi, j’étais le troisième dans la hiérarchie et mon temps de jeu était très limité. Je ne sais même pas si j’ai disputé 15 matchs dans l’année alors que la saison précédente j’avais participé à 30 matchs. Le plus dur dans ces périodes là, c’est de répondre présent quand tu joues. Ce n’est pas un cadeau d’être titularisé quand tu as enchaîné plusieurs rencontres sur le banc. Mais, c’est vrai que j’aurais dû mieux d’adapter. Je n’ai pas bien fait les choses, même dans ma tête. Ça aurait pu mieux se passer.

« Dès qu’il se passe un truc avec moi, les gens m’enfoncent plus facilement. C’est juste mon impression »

« Dès qu’il se passe un truc avec moi, les gens m’enfoncent plus facilement. C’est juste mon impression »

Mouctar Diakhaby Credit Photo – Icon Sport

Tu éprouves des difficultés avec en point d’orgue ce match à Strasbourg où ta responsabilité est un peu engagée sur les trois buts. C’était un jour sans ?

Elle ne l’est pas un peu ! Elle est engagée totalement (rires) ! J’assume pleinement, ne t’inquiète pas. C’était un jour sans. Ça faisait super longtemps que je n’avais pas joué : manque de concentration, de rythme, de confiance, manque de tout. Ça a donné tout ça.

Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression qu’à Lyon, tu étais toujours considéré comme le petit jeune, malgré tes performances ?

C’était un peu ça même si j’étais jeune. Je n’étais pas considéré comme quelqu’un de confirmé, mais c’est normal, quand tu es jeune, tu commets quelques erreurs. Mais c’est vrai que je n’ai pas un jeu qui plaît à tout le monde. Je suis grand, pas forcément beau à voir jouer. Mais ce n’est pas un problème tant que mes entraîneurs aiment mon jeu, c’est le plus important. Les gens mélangent beaucoup de choses. Quand tu n’aimes pas le jeu de quelqu’un, ça ne veut pas dire qu’il est mauvais. Il y a des joueurs dont je n’aime pas le style qui font partie du top mondial.

J’ai le sentiment que tu es un footballeur sous coté, tu es d’accord ?

Sous coté, je ne vais pas dire sous coté. J’ai l’impression… (Il réfléchit). Dès qu’il se passe un truc avec moi, les gens m’enfoncent plus facilement. C’est juste mon impression. C’est comme ça, j’ai choisi d’être footballeur, ça fait partie du jeu. Il y a des critiques, tout ce qui va avec, mais je reste positif.

Est-ce que ce n’est pas parce que tu ne sais pas te vendre, tout simplement ?

Aussi ! De temps en temps, je leur ai donné le bâton pour se faire battre ! Parfois avec mes performances, que ce soit à Lyon ou à Valence. Après, j’ai l’impression que les gens ne regardent pas les matchs. Ici, en Espagne, j’ai fait des bons matchs, surtout contre les gros. Les gens ne sont pas au courant. Malgré tout, je suis heureux, je fais du foot, je ne peux pas me plaindre.

En 2018, à seulement 21 ans, tu fais le pari de quitter la France et tentes l’aventure en Espagne. Tu mesures le risque ?

C’est un choix totalement réfléchi. On peut revenir sur l’épisode Strasbourg, je ne te cache pas que je n’avais plus la tête à Lyon. Dans ma tête, c’était partir, partir, partir. Quand tu réfléchis comme ça, malheureusement, c’est négatif pour toi et pour ton club. Dans ma tête, limite, je n’étais plus à Lyon. C’est là où j’ai, entre guillemets, déconné. Je ne me suis pas consacré à 100% à Lyon. J’étais déjà en discussion avec d’autres clubs en Angleterre et en Espagne. Et finalement, j’ai choisi l’Espagne, ce qui en a surpris plus d’un.

Valence a misé 15 millions d’euros sur toi. C’est énorme, n’est-ce pas ?

15 M€ + 2 de bonus. Énorme, avec les prix d’aujourd’hui, ça va. C’était le bon prix. Et puis, Lyon sait bien vendre. Quand tu veux un joueur de Lyon, tu payes cher.

Là où tu as surpris en Espagne, c’est que tu as démarré fort avec plusieurs titularisations. 

Oui, j’ai commencé fort avec des titularisations. Sur cette année-là, on était trois défenseurs centraux, mais ce qui était bien, c’est que le coach, Marcelino, me faisait énormément confiance. Il n’avait pas peur de me mettre sur les gros rendez-vous. J’avais joué contre le Real, j’avais joué en Ligue des Champions face à la Juve. Je faisais de bonnes performances. C’est un entraîneur qui m’a marqué. C’est un coach qui forme très bien les défenseurs. Il m’a fait évoluer sur beaucoup de choses. 

Cette saison-là, tu as participé à 38 rencontres. Tu t’y attendais ? 

Avant de signer, j’avais eu quelques garanties quand même. À Lyon, je manquais un peu de temps de jeu. Quand Valence s’est présenté, j’ai demandé des garanties. Et le coach me kiffait en fait. Le directeur sportif de l’époque, Pablo Longoria, était intéressé, il m’a fait part du projet. J’ai ensuite parlé avec le coach et j’ai vu qu’il me voulait vraiment. Lors de notre discussion, il m’a expliqué comment il procédait. Et j’ai signé. 

Valence n’est pas un club très stable. J’imagine que ce n’est pas facile pour un joueur de se projeter dans un club comme ça ?

Oui, mais à cette époque-là, il n’y avait pas vraiment de souci. Tout fonctionnait bien, le club se qualifiait en Ligue des Champions, les résultats étaient bons. Ce qui m’importait, c’est le sportif. 

« Valence, dans la mentalité, c’est un peu similaire à Lyon. Contre les gros, on fait tout le temps les matchs qu’il faut »

« Valence, dans la mentalité, c’est un peu similaire à Lyon. Contre les gros, on fait tout le temps les matchs qu’il faut »

Mouctar Diakhaby Credit Photo – Icon Sport

La saison dernière, tu as alterné les titularisations et le banc. Pourquoi ? 

Tout simplement parce que je n’ai pas été performant dans un premier temps. Et dans un second temps, le coach préférait d’autres joueurs. Il fallait respecter ses choix. J’ai fait avec. Malheureusement, l’année s’est mal finie. 

C’était purement sportif ? 

J’essayais de communiquer avec lui, mais c’était assez compliqué. C’était la première fois qu’il occupait un tel poste, il ne savait pas forcément comment s’y prendre avec les joueurs. 

Tu as aussi connu quelques pépins physiques, principalement au niveau de ton mollet… 

(Rires) C’est vrai que j’ai eu beaucoup de problème au mollet, au niveau du soléaire. Ces deux dernières saisons, je me suis blessé un peu plus que d’habitude. 

Cette saison, on a l’impression que tu es épanoui et que tu es bien partie pour devenir le taulier. Est-ce exact ? 

C’est un peu ça, c’est bien parti franchement. Je voulais faire plus, je voulais montrer que j’avais le niveau, je voulais rendre la confiance qu’on m’avait donnée, répondre aux espoirs placés en moi. Je donne tout sur le terrain. Et tu sais, un coach qui te donne de la confiance, ça change beaucoup. 

Comment tu t’adaptes aux changements tactiques ? 

Jouer à 3 ou à 4, ça ne change pas grand chose pour moi. Je suis droitier mais tous les coachs préfèrent me mettre axe gauche. Je ne sais pas pourquoi. Ils trouvent que je suis meilleur à ce poste. Personnellement, je n’ai pas de préférence, je m’en fous. 

Comment préparer un match lorsqu’on sait que dans le même temps, le club a des problèmes et qu’il peut y avoir des retards de salaire ?

Ce ne sont pas des moments faciles. Mais il ne faut pas penser à ce genre de choses, sinon, ça va être compliqué. Je fais abstraction et je joue puisque je sais que tôt ou tard, ça va se régler.  

Qu’est-ce qui manque à Valence pour revenir sur le devant de la scène ? 

Je ne vais pas te mentir, c’est assez compliqué surtout qu’on a perdu énormément de joueurs très importants, tous des internationaux. Maintenant, on joue avec une équipe beaucoup moins expérimentée. On est une formation très jeune, je crois la plus jeune de Liga. On manque d’expérience, il manque un petit truc. Par contre, ceux qui regardent les matchs de Valence seront d’accord avec moi pour dire qu’on fait de bons matchs surtout contre les grosses cylindrées. Et contre les équipes moins fortes, on est un peu moins bien. On a battu le Real par exemple, on a fait nul à Barcelone. Valence, dans la mentalité, c’est un peu similaire à Lyon. Contre les gros, on fait tout le temps les matchs qu’il faut. En trois ans, je n’ai perdu qu’une fois contre le Barça. Face aux équipes de bas de tableau, c’est plus difficile. 

Tu joues dans un bon club d’un grand championnat. Ça peut te permettre de postuler à l’équipe de France ? 

Ça dépend. Je ne dirais pas ça comme ça. Valence est un grand club mais actuellement, on n’est pas au top, on ne joue pas la Ligue des Champions. Et les sélectionneurs regardent plus les joueurs qui participent à cette compétition. Personnellement, je ne pense pas à la sélection parce qu’il faut être lucide. Je sais que j’ai encore du travail. Un jour, ça viendra peut-être. Mais actuellement, ce n’est pas dans ma tête. 

Tu possèdes aussi la nationalité guinéenne. Ça peut être une possibilité ? 

Actuellement, je ne pense pas aux sélections. Mes parents sont Guinéens, je suis aussi Guinéen, je vais régulièrement en Afrique. Je parle ma langue. Je n’oublie pas toutes les fois où je suis allé au bled. En ce moment, je n’ai pas la tête à ça. 

Qui est vraiment Mouctar Diakhaby ?

Les gens me trouvent drôle de nature. Je ne suis pas un gars qui fait des vannes et tout, c’est juste par rapport à mes mimiques, à ce que je fais, à mes actions, je les fais rire. Je suis simple, gentil avec tout le monde, je ne me prends pas la tête. 

Peu le savent mais tu es le cousin du Nantais, Abdoulaye Touré. 

C’est la famille, ma mère et sa mère sont très proches. Abdou, c’est comme un frère pour moi. Quand j’étais petit, je passais beaucoup de temps avec lui. 

« Je reste toujours fort mentalement, même dans la difficulté, personne ne va m’abattre »

« Je reste toujours fort mentalement, même dans la difficulté, personne ne va m’abattre »

Mouctar Diakhaby Credit Photo – Icon Sport

Tu te définis comme quel type de joueur ? 

Si je suis arrivé à ce niveau-là, c’est que je suis un bon joueur. Parler de mon style, c’est plus compliqué. Les gens pensent que je suis très lent, mais mes partenaires savent que je suis quand même rapide. J’entends ce qui peut se dire sur moi, et parfois, c’est faux. Mes entraîneurs trouvent que je suis rapide et physique. Ils me voient au quotidien donc ils savent. Ils sont même impressionnés. Lors de ma première saison, les joueurs me testaient, ils s’essayaient un peu avec moi. Comme ils ont vu que j’étais grand en taille, ils pensaient que j’avais du mal à me déplacer, du coup, ils me mettaient des grands coup d’accélération. Moi je leur tenais tête et après, ils disaient : « Ah ouais quand même, il court ». 

Qu’est ce qui te manque pour devenir un très grand défenseur ? 

De la constance. Il faut que je sois régulier. Surtout contre les équipes supposées inférieures. Je vais avoir plus de mal contre ce genre d’équipes que contre le Real Madrid ou le FC Barcelone. Mes bons matchs, je les fais contre les grosses équipes. Il faut que je change cette mentalité. Je ne peux pas être uniquement concentré face aux gros, il faut que ce soit tout le temps. 

C’est quoi le secret quand on se retrouve au marquage de Messi ou Benzema ? 

Il n’y a pas de secret, il faut défendre tous ensemble parce qu’en un contre un, ça peut aller très vite (rires). Il faut faire bloc ensemble et avoir du soutien. Le foot, ce n’est plus comme en avant. On ne se focalise plus uniquement sur un joueur. En Espagne, il n’y a pas de marquage individuel, c’est de la zone. Après, c’est toujours difficile de défendre contre ce genre d’attaquants. 

Comment gères-tu ta notoriété ? 

Je ne suis pas très branché réseaux sociaux. Pendant quatre mois, je peux ne rien mettre. Je gère ma notoriété tranquillement. Tous ceux qui viennent me parler, je leur parle. Les footballeurs, on est des êtres humains comme tout le monde. Je ne me prends pas pour un autre parce que je fais du foot, je ne pense pas que j’ai plus de pouvoir parce que je suis footballeur. Je suis simple, je suis humble, je suis accessible. Parfois, des gens viennent me parler sur les réseaux, je leur réponds tranquillement. 

Comment résistes-tu aux mauvaises tentations ?

Mon petit défaut, c’est la nourriture, c’est ma faiblesse. C’est bon dans la bouche, mais c’est mauvais pour le corps. Heureusement que je perds facilement les kilos. Quand je suis arrivé, j’avais plusieurs kilos en trop. J’ai perdu six kilos en un mois et demi. Je fais un travail sur ça. D’où je viens, la bouffe, c’est notre péché mignon (sourire). 

Si tu n’avais été footballeur, tu aurais fait quel métier ? 

Ça aurait été très compliqué pour moi. Petit, je n’avais pas de métier en tête, je n’avais aucune idée. Quand je suis arrivé à Lyon, au centre de formation, je leur ai directement dit : « Moi, je ne vais pas à l’école ». Et dans leur tête, ils se sont dit : « Mais il est fou lui ». Il m’ont fait clairement répondu : « Qu’est-ce que tu racontes ? Tu vas aller à l’école comme tout le monde ». J’ai été pendant 1 mois et demi ou 2 mois, ils ont compris, ils m’ont dit : « C’est bon, arrête l’école » (rires). 

Si tu étais journaliste, quelle question tu poserais à Mouctar ?

Les journalistes posent souvent les mêmes questions. Du coup, j’aurais cherché à savoir comment il prépare ses matchs, comment il se comporte dans le vestiaire. J’aurais voulu connaître ce qu’il se passe vraiment à l’intérieur du groupe. Et je lui aurais expliqué que je suis très concentré dans le vestiaire, avant de sortir dehors pour la séance, je fais beaucoup d’exercices comme des abdos pour être un peu chaud et pour éviter les blessures. Certains n’ont pas besoin de ça, mais moi, j’en ai besoin. 

Quelle phrase représente Mouctar Diakhaby ? 

Plutôt que de te donner une phrase, je vais te donner un mot : « La mentale ». Je reste toujours fort mentalement, même dans la difficulté, personne ne va m’abattre. J’ai toujours eu cette force. Je trouve que je suis fort mentalement. 

Quelle note tu t’attribues pour cette interview ? 

Je me mettrais 6 sur 10. Je suis dur avec moi-même. Je ne suis pas quelqu’un qui m’exprime beaucoup, mais c’est toi qui poses les questions, c’est à toi de me noter. 

Combien de fois tu as menti durant cette interview ? 

Je n’ai pas menti, je ne suis pas un menteur. On a parlé de tout, on n’a rien oublié. 

Source

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