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« La Chine exulte de joie, toute à la contemplation narcissique de sa puissance retrouvée »

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La délégation chinoise menée par Yang Jiechi, membre du bureau politique du Parti communiste chinois, le 18 mars à Anchorage (Alaska). La délégation chinoise menée par Yang Jiechi, membre du bureau politique du Parti communiste chinois, le 18 mars à Anchorage (Alaska).

Comment dit-on « hubris » en mandarin ? La Chine officielle traverse une épidémie d’autosatisfaction aiguë. Oublieuse des mérites de l’autocritique, elle exulte de joie, toute à la contemplation narcissique de sa puissance retrouvée. La Chine pense qu’elle gagne la course à la prépondérance mondiale et ce sentiment commande son comportement. A l’intérieur de ses frontières comme sur la scène internationale.

Vous n’avez pas de leçon de morale à nous donner, nous parlons d’égal à égal, votre système de gouvernement ne suscite plus l’envie du monde. Tout était dit dans la réplique des Chinois, jeudi 18 mars, à Anchorage (Alaska), aux reproches que formulaient leurs hôtes américains : Ouïgours, Hongkong, Taïwan, cyberespionnage, mer de Chine et autres manifestations d’une Chine répressive à l’intérieur et agressive à l’extérieur.

Le même sentiment de superpuissance assumée explique les sanctions prises par Pékin à l’encontre de parlementaires et d’essayistes européens. Ils sont visés non pour ce qu’ils ont fait – ce ne sont pas des acteurs gouvernementaux – mais pour ce qu’ils disent de la Chine.

L’Orient est en phase ascendante et l’Occident sur la pente du déclin. Le jugement serait du président Xi Jinping, cité sur un site gouvernemental, rapporte le New York Times, le 5 mars. Devant la session de l’Assemblée populaire début mars, Xi aurait confié : « La Chine peut maintenant regarder le monde dans les yeux. » Pékin ne le dit pas encore mais les dirigeants chinois sont convaincus que l’équilibre du pouvoir sur la scène internationale penche maintenant en leur faveur. Aux dépens des Etats-Unis.

Pour assurer sa suprématie, la Chine compte sur la puissance de son économie et sur sa créativité technologique – les voies du pouvoir au XXIe siècle. Elle n’entend pas rivaliser avec le réseau d’alliances militaires des Etats-Unis ni avec le budget du Pentagone. Selon les conseillers de Joe Biden, Pékin développe une diplomatie de la dépendance : établir des situations plaçant nombre de ses partenaires sous tutelle économique ou technologique.

Pouvoir réprimer librement

L’objectif est la conquête d’une influence politique par le biais des réseaux chinois. Toute la puissance des entreprises de high-tech du pays, massivement subventionnées par l’Etat, est au service d’une stratégie d’expansion politique. Créer dans le monde entier de la dépendance aux technologies et à l’économie chinoises doit permettre à Pékin d’accroître son leadership. A un moment ou à un autre, un pays en affaires avec la Chine ne peut sans conséquence se brouiller politiquement avec elle. L’Australie paie cher – le boycottage de ses exportations – d’avoir osé demander une enquête sur les origines du Covid-19.

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