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Facebook accusé de laxisme face à la désinformation

Facebook a fait valoir lundi ses progrès en matière de lutte contre la désinformation, trois jours avant une audition au Congrès américain sur ce sujet qui mobilise aussi bien les élus démocrates que républicains. Quelques heures plus tard, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) annonçait le dépôt d’une plainte en France contre Facebook pour « pratiques commerciales trompeuses », estimant que la « prolifération massive » des messages de haine et autres fausses informations sur le réseau social viole les engagements de la plateforme envers les internautes.

Le géant des réseaux sociaux a désactivé plus d’1,3 milliard de faux comptes rien que pendant le dernier trimestre de l’année 2020, d’après un communiqué. La détection et le blocage en bonne partie automatisés des profils non authentiques, qui servent à répandre des rumeurs et autres contenus mensongers, sont au coeur de l’arsenal des équipes de modération du groupe.

« Nous avons toutes les raisons d’être motivés pour tenir la désinformation à distance de nos applis et nous avons pris de nombreuses mesures pour y parvenir, aux dépens de la croissance du nombre d’utilisateurs et de l’engagement », a souligné Guy Rosen, vice-président en charge de l’intégrité des plateformes du groupe. Jeudi, le fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, va devoir répondre aux questions d’élus, aux côté de Jack Dorsey (Twitter) et Sundar Pichai (Google).

Sundar Pichai, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey vont devoir répondre aux questions d'élus américains (AFP/Archives - Fabrice COFFRINI, ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, Jim WATSON)

Sundar Pichai, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey vont devoir répondre aux questions d’élus américains (AFP/Archives – Fabrice COFFRINI, ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, Jim WATSON)

« Depuis trop longtemps, les « big tech » refusent de reconnaître le rôle qu’ils jouent dans la création et la propagation d’informations délibérément fausses », ont déclaré les présidents des commissions parlementaires qui ont convoqué les trois dirigeants de la Silicon Valley. « L’auto-régulation de l’industrie a échoué », ont-ils ajouté alors que les tensions entre les réseaux sociaux et les politiques se sont amplifiées au cours de l’année passée, de la campagne électorale aux émeutes causées par des partisans extrémistes de Donald Trump le 6 janvier à Washington.

L’intelligence artificielle aide Facebook a faire le tri entre vraies et fausses informations

Facebook compte plus de 35.000 personnes chargées de modérer les échanges et de lutter contre les abus, comme les campagnes de manipulation de l’opinion. Ces équipes ont ainsi retiré plus de 100 réseaux coupables de « comportement inauthentique » (comme la création de faux comptes) ces trois dernières années. Elles ont largement recours à l’intelligence artificielle, très efficace contre la fraude et les spams, mais aussi de plus en plus contre la désinformation.

Les systèmes automatiques de l’entreprise ont retiré plus de 12 millions de contenus trompeurs sur le Covid-19 ou les vaccins depuis le début de la pandémie, d’après Facebook.

La plateforme a aussi investi dans un vaste programme de vérification des informations par des tiers indépendants (dont l’AFP) pour identifier les informations douteuses, réduire leur circulation et publier des articles de vérification.

« Malgré tous ces efforts, certains croient que nous avons des intérêts financiers à tolérer la désinformation », a remarqué Guy Rosen. « C’est le contraire qui est vrai ».

Des ONG, observateurs et élus accusent Facebook de profiter de ce fléau pour garder l’attention de ses utilisateurs, moteur de son modèle économique fondé sur la publicité.

Reporters sans Frontières dénonce des contenus haineux et fausses infos

La plainte de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), consultée par l’AFP, vise les filiales Facebook France et Facebook Irlande, via lesquelles le groupe exerce ses activités en France. RSF entend démontrer que les engagements du groupe américain, figurant notamment dans ses conditions générales d’utilisation, « reposent largement sur des allégations mensongères » : alors que la plateforme s’engage à agir pour pour maintenir « un environnement sûr et sans erreurs », l’ONG pointe de multiples types de contenus haineux et autres fausses infos qui prospèrent sur le réseau.

Parmi les éléments à charge fournis par RSF pour appuyer sa plainte figurent des menaces de mort contre les journalistes de Charlie Hebdo ou la mise en ligne de vidéos comme le documentaire « Hold Up » accusé de relayer des thèses complotistes. Pour l’ONG, cela constitue, au sens du code de la consommation français, une « pratique commerciale trompeuse », délit passible d’une amende « qui peut atteindre 10 % du chiffre d’affaires annuel moyen ».

RSF ajoute que « les conditions de services de Facebook étant les mêmes partout sur la planète, une décision de justice en France sur leur caractère trompeur pourrait avoir un impact global », et dit étudier en outre « le dépôt de plaintes similaires dans d’autres pays ».

Plusieurs plaintes ont été lancées ces derniers mois contre des réseaux sociaux en France. Début mars, quatorze militantes féministes ont assigné Facebook en justice, reprochant à sa filiale Instagram de censurer certaines de leurs publications, tout en laissant des utilisateurs les harceler en toute impunité. Le concurrent Twitter est également l’objet de plusieurs procédures.

(Avec AFP)

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