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En Turquie, la région du Hatay subit le chaos syrien

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Une famille de réfugiés syriens, à Hatay (Turquie), en janvier 2014. Une famille de réfugiés syriens, à Hatay (Turquie), en janvier 2014.

Lorsque Merah Cinavro a fui la Syrie il y a quatre ans pour trouver refuge en Turquie, elle n’arrêtait pas de broyer du noir. « Je pensais que je n’avais pas d’avenir. » Comme elle maîtrisait l’anglais, elle a passé avec succès les tests d’entrée de l’université Mustafa Kemal dont les bâtiments modernes et le campus arboré s’étalent au nord de la ville d’Antakya, Antioche en français, le chef-lieu de la province du Hatay, adossée à la Syrie.

A partir de là, tout est allé très vite pour Merah Cinavro. « En deux mois, à raison de quatre heures par jour », elle a appris le turc, ce qui lui a permis de s’inscrire à la faculté d’agronomie. Le campus est devenu son chez elle. « Je n’envisage pas de rentrer en Syrie », assure la jeune femme.

Comme Merah, 500 jeunes Syriens étudient actuellement dans cette immense université, qui compte onze facultés, quinze collèges professionnels et 25 000 inscrits. Ils sont aidés par des bourses dispensées par l’Union européenne (UE), dans le cadre du programme d’aide aux réfugiés syriens, soit 6 milliards d’euros affectés, non pas au budget turc, mais à des programmes d’aide ciblés, notamment dans le domaine de l’éducation.

La Turquie, premier pays d’accueil pour les réfugiés syriens – ils y sont 3,6 millions –, n’a pas ménagé ses efforts pour ouvrir les portes de son système d’éducation, intégrant 700 000 enfants, adolescents et jeunes adultes. Malgré cela, plus de 40 % des enfants syriens hébergés sur son sol, soit environ 400 000 d’entre eux, n’ont toujours pas accès à l’école.

Enorme défi

Les besoins sont immenses ; il faut toujours plus d’écoles, de salles, d’enseignants. L’UE tente d’apporter son soutien. Pour toute la Turquie, 400 établissements ont été construits, rénovés, modernisés, dont quarante au Hatay, en partenariat avec Ankara, grâce à une mise de fond de 600 millions d’euros versée par les Vingt-Sept. Mais « les écoles ne suffisent pas, il faut aussi des professeurs. A cette fin, nous soutenons également un programme du ministère [turc] de l’éducation. Le rôle de ces enseignants est primordial pour l’inclusion de ces jeunes dans le système », explique Nikolaus Meyer-Landrut, le chef de la délégation de l’UE en Turquie, en visite dans la région.

Hatay, province la plus méridionale du pays, subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Syrie. Environ un habitant sur trois est un réfugié. A ce jour, 436 000 Syriens y sont enregistrés au titre de la protection temporaire pour une population totale de 1,6 million d’habitants. Aux deux tiers, cette population est composée d’enfants. Chaque famille a en moyenne 5,6 enfants. Chaque année, ce sont près de 100 000 enfants syriens qui voient le jour en Turquie.

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