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Décédée en septembre 2020 à Vallauris (Alpes-Maritimes), Annie Cordy jouissait d’une immense sympathie dans son pays natal – elle est née à Laeken, à deux pas du palais royal de Bruxelles. La pétulante vieille dame de 92 ans n’aurait cependant pas imaginé que, quelques mois après son décès, elle ferait encore l’objet d’autant d’attention en Belgique. Et aussi d’une polémique inattendue, née du contenu de l’une des sept cents chansons de son répertoire.
L’attention, d’abord. Sensibles à deux phénomènes récents, #metoo et la remise en cause du passé colonial, les autorités de la ville-région ont décidé, début mars, de débaptiser le tunnel Léopold-II, une longue et sinistre artère souterraine conduisant vers la périphérie ouest de la ville, et de lui donner le nom de la chanteuse, humoriste et actrice. Ce qui devrait faire oublier celui du « roi bâtisseur », promoteur de la conquête sanglante du Congo par la Belgique.
La polémique, ensuite. Alors que la décision faisait sourire autant les fans de Tata Yoyo que ceux qui jugeaient ce choix un brin incongru, des adeptes de la cancel culture plongeaient au plus profond du passé pour en exhumer Cho Ka Ka O (« Chaud cacao »). Une ritournelle pour les fins de soirée bien arrosées, à l’époque – 1985 – où elles étaient possibles.
Ce titre, conçu au départ comme une chanson pour enfants, figure toujours dans le best of de la baronne Léonia Cooreman – le vrai nom d’Annie Cordy, anoblie par le roi Albert II, en 2005. Rengaine aussi immuable que La Bonne du curé ou Ça ira mieux demain, ce Cho Ka Ka O aux paroles prétendument innocentes – « Si tu me donnes tes noix de coco, je te donne mes ananas » – doit-il être dénoncé pour son caractère « raciste » ?
Une boîte de poudre chocolatée
La question a été brièvement soulevée lors d’un récent débat télévisé, sur une chaîne commerciale, et les réseaux sociaux s’en sont très vite emparés. Faisant oublier que la discussion devait porter, en principe, sur Léopold II et la féminisation des rues de Bruxelles – dont 94 % portent le nom d’un homme. C’est plutôt la chansonnette qui a fait le buzz, chacun redécouvrant au passage un clip très daté où l’on voyait Annie Cordy et six petites danseuses (blanches) portant des robes bariolées et des coiffes, sur fond de faux palmiers.
Son parolier et mélodiste de l’époque, Vivien Vallay, un brin désemparé, a dû ramener l’affaire à ses justes proportions. Celle d’une boîte de poudre chocolatée, de la marque
Cho Kakao, qui, au petit matin, lui donna l’idée d’une innocente mélodie.
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