Une agence américaine a mis en doute mardi l’efficacité revendiquée par AstraZeneca pour son vaccin, portant un nouveau coup à ce laboratoire déjà sous pression en Europe, tandis que l’inquiétude monte en Amérique du Sud face à l’explosion des contaminations au Brésil, qui a enregistré un nombre record de 3.000 morts en 24 heures.
Alors que le recours au vaccin AstraZeneca est crucial au moment où s’accélère la troisième vague de la pandémie en Europe, un institut américain a lancé un nouveau pavé dans la mare : le groupe suédo-britannique a pu utiliser des données « obsolètes » pendant ses essais cliniques aux Etats-Unis.
Selon l’Institut national des maladies infectieuses et des allergies, qui supervise des essais cliniques de vaccins aux Etats-Unis, cela peut « avoir abouti à une évaluation incomplète de l’efficacité » du vaccin ».
AstraZeneca, pressé par l’institut de « rendre publiques au plus vite » les données « les plus précises, les plus récentes et les plus efficaces possibles », a répondu qu’il fournirait dans les 48 heures des données récentes au régulateur américain.
Ce laboratoire avait défendu lundi son vaccin, mis en doute par une bonne partie des Européens et pas encore approuvé aux Etats-Unis, affirmant qu’il était efficace à 80% contre le Covid-19 chez les personnes âgées et n’augmentait pas le risque de caillots sanguins, après des essais cliniques de phase III réalisés aux Etats-Unis avec 32.449 participants. Pour ces résultats, il a précisé avoir utilisé des données antérieures au 17 février.
Le vaccin concurrent développé par le laboratoire Pfizer/BioNTech a quant à lui été suspendu mercredi « par précaution » par les autorités sanitaires de Hong Kong et de Macao en raison d’un emballage « défectueux » de flacons, sans que ce défaut ne présente de risque au niveau sanitaire, ont précisé les deux territoires.
– « Terrible » augmentation –
Au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé par la pandémie derrière les Etats-Unis, la barre des 3.000 décès quotidiens dus au Covid-19 (3.251) a été franchie mardi pour la première fois, portant le bilan total des morts à 298.676.
Alors que la vaccination patine, l’explosion des contaminations dans ce pays de 212 millions d’habitants met le système de santé sous pression : le taux d’occupation des services de réanimation dépasse 80% dans la majorité des 27 Etats brésiliens et les réserves d’oxygène pour les cas graves ont atteint des niveaux « préoccupants » dans six Etats.
La situation préoccupe les pays limitrophes: l’Organisation panaméricaine de la santé – qui dépend de l’Organisation mondiale de la Santé – a mis en garde mardi contre la « terrible » augmentation des cas de Covid-19 au Brésil, « qui a des conséquences sur les pays voisins » d’Amérique du Sud.
Au Paraguay – où la présence du variant brésilien est suspectée – l’augmentation du nombre d’infections place les hôpitaux au bord de la rupture et pousse les familles à s’endetter pour payer les soins à leurs proches.
« Il n’y a pas de matériel ici, il n’y a pas de médicaments, des gens vendent leurs maisons aux enchères pour payer des soins pour leurs proches! », se lamente Edi Gomez devant l’hôpital Ingavi, près d’Asuncion.
En Colombie, l’augmentation des contaminations et des morts a conduit le président Ivan Duque à annoncer des couvre-feux nocturnes et des restrictions dans les zones les plus touchées.
– « Perdre le contrôle »-
En Europe, les mauvais chiffres inquiètent aussi. En Belgique, partiellement confinée depuis octobre, une réunion d’urgence sur le coronavirus a été convoquée pour mercredi par le Premier ministre Alexander De Croo, le nombre des malades hospitalisés en soins intensifs ayant doublé en six semaines.
Le risque est de « perdre le contrôle » de la pandémie, selon plusieurs experts pour lesquels un reconfinement ne doit pas être tabou.
Aux Pays-Bas, les mesures restrictives seront prolongées jusqu’au 20 avril, même si la durée du couvre-feu sera réduite d’une heure.
Quant aux Allemands, ils passeront le week-end de Pâques sous cloche face à une « nouvelle pandémie » provoquée par le variant britannique du coronavirus, jugé plus mortel et plus contagieux.
Face à cette troisième vague de l’épidémie en Europe, la Commission européenne doit adopter mercredi un durcissement du contrôle des exportations de vaccins anti-Covid fabriqués sur son sol afin de faire pression sur AstraZeneca et le Royaume-Uni pour un accès équitable aux précieux flacons.
– Poutine vacciné –
La décision, qui a pour objectif d’augmenter l’approvisionnement en vaccins de l’UE, sera au menu jeudi du sommet en visioconférences des Vingt-Sept, en conflit avec le groupe suédo-britannique pour des livraisons nettement inférieures aux prévisions.
Parallèlement, les ministres russe et chinois des Affaires étrangères ont fustigé mardi la politique des Occidentaux en matière de vaccins, se défendant de tout « opportunisme » et assurant ne chercher qu’à « sauver des vies ».
Ces propos interviennent en pleine période de tensions autour de l’homologation du vaccin russe Spoutnik V dans l’UE, la Russie l’accusant de ralentir volontairement ce processus. Bruxelles accuse de son côté Moscou et Pékin d’ »instrumentaliser les vaccins à des fins de propagande ».
Le président russe Vladimir Poutine, 68 ans, s’est fait vacciner mardi contre le Covid-19, loin des caméras.
Cuba veut démarrer en juin sa campagne de vaccination contre le coronavirus avec l’un de ses vaccins maison et avoir immunisé d’ici août la moitié de ses 11,2 millions d’habitants.
La pandémie a fait au moins 2,723 millions de morts à ce jour, selon un bilan établi mardi par l’AFP à partir de sources officielles.
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