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L’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi doit comparaître, mercredi 24 mars, devant la justice birmane, accusée notamment de corruption par la junte qui poursuit sa répression aveugle, avec la mort d’une fillette de 7 ans abattue par les forces de sécurité.
L’audience concernant Aung San Suu Kyi doit se tenir en vidéoconférence devant un tribunal de Naypyidaw, la capitale administrative, autour duquel les forces de l’ordre ont été déployées en nombre.
« L’audience peut être très perturbée voire ne pas même commencer (…) le tribunal n’a pas de Wi-Fi » pour le moment, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) son avocat, Khin Maung Zaw, qui n’a toujours pas été autorisé à rencontrer sa cliente. L’accès à Internet reste effectivement très restreint en Birmanie, l’armée ayant ordonné la coupure des connexions mobiles et de plusieurs réseaux Wi-Fi.
275 civils ont été tués, selon l’AAPP
Pour tenter d’éteindre le vent de fronde démocratique qui souffle sur le pays depuis le coup d’Etat du 1er février, les militaires intensifient chaque jour leur riposte. De plus en plus de civils qui ne participent pas à la contestation, dont des femmes et des enfants, sont visés.
Mardi, Khin Myo Chit, une fillette de 7 ans, a été tuée « par un tir mortel à l’estomac alors qu’elle était dans sa maison » à Mandalay (centre), selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Son décès n’a pas été confirmé à ce stade de source indépendante à l’Agence France-Presse.
L’ONG Save the Children s’est dite « horrifiée que des enfants continuent de figurer parmi les cibles », recensant une vingtaine de mineurs abattus ces sept dernières semaines. Au total, 275 civils ont été tués, selon l’AAPP. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd : des centaines de personnes arrêtées sont portées disparues.
Mardi, le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a fait pour sa part état de 164 victimes dans les rangs des protestataires, qualifiés de « violents terroristes ». Il s’est dit déterminé à « réprimer l’anarchie », faisant fi des nouvelles sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne.
Les violences restent très vives à Mandalay (centre) où 21 civils sont morts depuis dimanche. Dans la nuit de mardi à mercredi, des barricades érigées par les manifestants ont été incendiées, des maisons ont été pillées, des tirs résonnant dans plusieurs quartiers de la ville, d’après les médias locaux.
L’ex-dirigeante accusée de corruption
Les généraux accusent l’ex-dirigeante de corruption. Deux hommes se sont confessés dans des vidéos diffusées par les médias d’Etat, assurant lui avoir versé à eux deux plus d’un million de dollars et onze kilos d’or. Des observateurs s’interrogent sur l’authenticité de ces témoignages : l’un des témoins est emprisonné, l’autre a un passé trouble.
L’ancienne cheffe de facto du gouvernement civil est aussi inculpée de quatre autres chefs, dont l’incitation aux troubles publics. Si elle est reconnue coupable des faits qui lui sont reprochés, elle pourrait être condamnée à de longues années de prison et se voir bannie de la vie politique.
La junte a justifié son putsch alléguant d’« énormes » fraudes lors des législatives de novembre, remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Mardi, le porte-parole de la junte a assuré que de nombreux faux bulletins avaient circulé lors de ce scrutin. Il a fait diffuser des vidéos d’électeurs affirmant avoir été payés par des représentants de la LND.
Membres du parti, responsables locaux, grévistes, activistes : plus de 2 800 personnes ont été arrêtées depuis le coup d’Etat, d’après l’AAPP. Beaucoup sont détenues au secret et n’ont pas de représentant légal. Des centaines sont « portées disparues » a déploré l’ONU, un expert des Nations unies évoquant de probables « crimes contre l’humanité ».
La junte cible également les médias. Thein Zaw, un photographe d’Associated Press accusé d’avoir « semé la peur et répandu de fausses nouvelles », est convoqué ce mercredi devant un tribunal de Rangoun.
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