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De Venise au lac de Côme, le tourisme en Italie broie du noir

Venise est méconnaissable, muée en ville fantôme, Portofino, haut-lieu de la jet-set sur la côte ligure, est désertée, tout comme Varenna sur les rives du lac de Côme: le tourisme en Italie, cinquième destination mondiale, paie un lourd tribut à la pandémie de coronavirus.

La chute du nombre de touristes en Italie aura été vertigineuse en 2020: seulement 25,53 millions de visiteurs étrangers ont posé leurs valises dans la péninsule, contre 65,02 millions en 2019, soit une baisse de plus de 60%.

Les recettes liées au tourisme international se sont écroulées dans les mêmes proportions, passant à 17,45 milliards d’euros, soit un manque à gagner de 26,85 milliards pour le secteur comparé à 2019, selon des chiffres compilés par la Banque d’Italie.

« La situation est vraiment dramatique et tout doit être fait pour relancer un secteur aussi vital pour notre pays », a réclamé le président de l’Union italienne des chambres du commerce, Carlo Sangalli.

Près de 100.000 entreprises du secteur touristique en Italie risquent la faillite, selon l’institut de recherche Demoskopika, avec à la clef la perte de 440.000 postes de travail.

– ‘Sans George Clooney’ –

« L’année 2020 a été catastrophique pour nous », témoigne Marina Denti, propriétaire d’un magasin de cuir à Varenna, petit village de pêcheurs pittoresque au bord du lac de Côme.

Les clients étrangers, en premier lieu les Américains, lui font cruellement défaut: « notre chiffre d’affaires a baissé de 80% l’an dernier », confie-t-elle. « Même George Clooney ne vient plus avec cette pandémie », alors qu’il possède une villa grandiose de l’autre côté du lac, à Laglio.

Avant l’épidémie, le tourisme pesait près de 14% du PIB italien, et sa chute a contribué à plonger le pays en 2020 dans la pire récession depuis la Seconde guerre mondiale (-8,9%).

La pandémie a eu un effet dévastateur sur ce secteur vital pour la troisième économie de la zone euro, contraignant hôtels et restaurants à rester fermés durant des mois.

Pour relancer la machine, les chemins de fer italiens proposeront des liaisons ferroviaires à grande vitesse « Covid free » entre Rome et Milan début avril, une première en Europe.

Tout le personnel ainsi que les passagers seront testés avant de monter à bord.

Un restaurant fermé à Venise, le 7 février 2021

 (AFP - Marco Bertorello)

Un restaurant fermé à Venise, le 7 février 2021

(AFP – Marco Bertorello)

La compagnie aérienne Alitalia avait lancé une initiative similaire l’an dernier sur certains vols intérieurs et internationaux.

Les maires de Venise et Florence, berceaux de l’art et de l’histoire, ont décidé de faire front commun pour réclamer des aides urgentes au gouvernement, assurant que sans ces deux villes, « l’Italie ne repartira pas ».

– ‘Ville morte comme Pompéi’ –

« Privée de touristes, Venise est devenue une ville morte comme Pompéi, c’est triste quand on se promène dans la rue », témoigne Anna Bigai, une des guides touristiques de la ville.

En un an, elle n’a fait qu’une dizaine de tours guidés, alors que les nuitées de touristes étrangers ont chuté de 54% à 184,1 millions en 2020 en Italie.

Les perspectives pour 2021 restent sombres: « le tourisme international en Italie ne devrait renouer avec les niveaux d’avant la pandémie qu’en 2023 », a prévenu le directeur de l’agence nationale du tourisme Giorgio Palmucci.

Même Portofino, destination prisée des célébrités et milliardaires du monde entier, n’a pas été épargnée par cette vague de désaffection.

Ses magasins Rolex et Christian Dior restent désespérément vides, en attendant le retour de la clientèle étrangère.

La place du Duomo à Milan déserte, le 15 mars 2021, après l'entrée en vigueur de nouvelles mesures de restriction   (AFP - Miguel MEDINA)

La place du Duomo à Milan déserte, le 15 mars 2021, après l’entrée en vigueur de nouvelles mesures de restriction (AFP – Miguel MEDINA)

« On a vécu en 2020 la pire année depuis dix ans », se désole Emanuela Cattaneo, tenancière d’un bar à vins sur le port, regrettant l’absence des clients américains et anglais.

Mais quelques rares touristes étrangers, à l’instar des vacanciers italiens, profitent du calme inhabituel.

« Il n’y a que très peu de touristes ici, c’est vraiment agréable », constate Rainer Lippert de Heidelberg en Allemagne, venu admirer la vue depuis le toit du Duomo de Milan, avant que la cathédrale ne referme ses portes début mars, confinement oblige.

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