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Avec AstraZeneca, rien ne se passe jamais tout à fait normalement. Lundi 22 mars, le laboratoire anglo-suédois annonçait que son essai américain, attendu depuis des mois, avait mis en évidence une efficacité de 79 %. Un résultat d’autant plus remarquable qu’il incluait plus de 20 % de personnes de plus de 65 ans et près de 60 % de volontaires considérés comme à risques. Mais patatras : mardi, le comité de contrôle des données, un groupe de scientifiques censés vérifier les résultats, a annoncé que la firme avait présenté des résultats « dépassés » susceptibles de donner « une vue incomplète » du produit.
Une telle situation est exceptionnelle. La procédure prévoit en effet que ce comité suive pas à pas l’essai. Et même souvent main dans la main. Dans les essais conduits à l’aveugle, c’est ce groupe indépendant de scientifiques qui lève l’anonymat des données et découvre donc les résultats en premier. Lui, ensuite, qui les transmet au laboratoire, lequel se charge de les mettre en forme et de les présenter au public. Autant dire que la firme prend un risque considérable en procédant à une relecture des données.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. « Une erreur non forcée », a commenté le conseiller du président des Etats-Unis, Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses. « Le fait est que c’est très probablement un très bon vaccin, et ce genre de chose ne fait rien d’autre que jeter un doute sur les vaccins », a-t-il commenté.
Efficacité réelle entre 69 % et 74 %
L’observation paraît presque bienveillante. Selon un officiel fédéral américain, cité par le Washington Post, « c’est comme dire à votre mère que vous avez eu A à un cours, alors que vous avez eu A à l’un des contrôles, mais C sur l’ensemble ». Le quotidien américain a eu accès à un courrier transmis lundi par le comité de contrôle au laboratoire et à des responsables sanitaires fédéraux. Il indique que, après plusieurs échanges en février et mars avec le laboratoire, les contrôleurs auraient signifié que les derniers résultats montraient une efficacité réelle située entre 69 % et 74 %. Aussi le comité « recommandait fortement » que cette information soit rendue publique dans le communiqué de presse, plutôt que d’afficher les seuls 79 % résultant d’une analyse provisoire conduite au 17 février.
Cette controverse est d’autant plus malheureuse que l’essai était très attendu. Les résultats de la première étude clinique de phase 3, conduite par l’université d’Oxford en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud avaient déjà suscité des interrogations. Des dosages différents, injectés avec un espacement variable entre les doses, se trouvaient rassemblés pour afficher une efficacité globale de 70 %. Si l’Agence européenne des médicaments avait finalement donné son feu vert, l’Agence américaine des médicaments (Food and Drug Administration, FDA) avait considéré que les personnes à risques – notamment les plus de 65 ans – n’étaient pas suffisamment représentées. Un essai avait donc été poursuivi aux Etats-Unis sur 32 000 personnes, cette fois directement conduit par le géant du médicament.
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