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Fonderie de Bretagne: amers, les salariés se sentent « trahis » par Renault

« Abandon », trahison », dénoncent les banderoles. Des salariés amers et des centaines de manifestants se sont rassemblés dans une marée de drapeaux rouges mardi matin devant la Fonderie de Bretagne, mise en vente par le groupe Renault.

Sous un grand ciel bleu, la marée de drapeaux rouges, portés par des syndicalistes CGT, des salariés d’autres usines Renault, des dockers de Lorient ou des militants communistes, a envahi le vaste parking de l’usine dans la banlieue de Lorient.

La chanson des Têtes Raides, crachée par la sono, est gaie. Mais elle ne parvient pas à remonter le moral des métallos bretons, plombés par l’annonce de la mise en vente de leur usine le 11 mars.

« Le calendrier fait peur », marmonne Yannick, barbe grise et visage rond. Le processus de vente doit se terminer en août, quand la fonderie sera fermée et les fours éteints.

« C’est une trahison à tous les niveaux. De Renault et des pouvoirs publics qui ont accompagné cette mascarade de revue stratégique », dénonce Maël Le Goff, délégué CGT de l’usine de 350 salariés.

Installée près de Lorient depuis 1965, la Fonderie de Bretagne avait été revendue par Renault en 1999 avant une reprise en 2009. A l’été 2020, le constructeur a demandé une revue stratégique qui a conclu que le site devait diversifier ses activités et poursuivre la réduction de ses coûts de production.

« C’est Renault qui nous a dit d’arrêter la diversification et maintenant ils veulent qu’on y revienne », ironise Cédric, chef de projet de 42 ans.

Installée près de Lorient depuis 1965, la Fonderie de Bretagne avait été revendue par Renault en 1999 avant une reprise en 2009 (AFP - Fred TANNEAU)

Installée près de Lorient depuis 1965, la Fonderie de Bretagne avait été revendue par Renault en 1999 avant une reprise en 2009 (AFP – Fred TANNEAU)

Comme lui, de nombreux cadres ont rejoint ce rassemblement organisé par la CGT. « On a donné énormément après l’incendie de l’usine en 2019. On a été présents même pendant le Covid. Et maintenant, on nous dit que c’est fini », se désole Régis, 43 ans, responsable du bureau d’études.

« Ils nous coupent l’herbe sous le pied », approuve Jimmy, chargé d’affaires de 44 ans. « C’est Renault qui nous enlève des volumes et nous empêche de revenir à l’équilibre ».

Comme lui, tous ont une famille, des enfants. Certains sont même venus récemment d’autres usines Renault pour travailler à Caudan. Amers, ils soulignent tous que les objectifs de performance fixés par Renault ont pourtant été « atteints ou dépassés » l’an dernier. « Renault doit rester l’entreprise des voitures à vivre, pas des voitures à détruire l’emploi en France », lâche Jimmy.

-« Fondeurs, pas chômeurs »-

« On a l’impression que la fonderie est en train de disparaître en France, comme l’industrie textile il y a bien longtemps », regrette Alain, 56 ans, salarié des Fonderies du Poitou, dans la Vienne, elles aussi en difficulté. « Fondeurs, pas chômeurs », clame un autocollant sur sa chasuble.

Le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, voit dans la lutte des fondeurs bretons un

Le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, voit dans la lutte des fondeurs bretons un « combat national »
(AFP – Fred TANNEAU)

« Ils ont tous leur vie de famille, leur maison à payer », remarque Anne-Laure Vély, 27 ans, vêtue d’une chasuble rose marquée « Soignants avec la FDB ». « Ils vont faire quoi tous ces gens? Ils ne demandent qu’à bosser », lance la petite-fille de fondeur.

Outre les syndicalistes, deux députés ont fait le déplacement « par solidarité » avec les salariés de Caudan. Le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, voit dans la lutte des fondeurs bretons un « combat national ».

« Les leçons qui ont été tirées de la crise du Covid, y compris par le gouvernement, étaient de dire qu’il fallait réindustrialiser le pays (…) En réalité, tout ceci n’était que de l’esbroufe », lance-t-il. « De l’argent public a été donné à Renault sans condition de maintien de l’emploi (…) Ceux qui licencient doivent rendre l’argent! »

Pour traverser la crise, le groupe Renault a eu droit à un prêt bancaire de cinq milliards d’euros garanti par l’État.

« Un pays sans industrie est un pays sans avenir », a lancé le député du Nord Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
(AFP – Fred TANNEAU)

« Un pays sans industrie est un pays sans avenir », lancee le député du Nord Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. « Nous placerons cette usine sous la protection de la République », promet-il.

Peu après midi, les prises de parole s’achèvent. « Ce n’est que la première journée! On ne lâche rien », lance Maël le Goff, en décomptant 2.000 manifestants et « 98% de grévistes ».

« Ne laissons pas les chacals brouter nos idéals », continuent à scander les Têtes Raides alors que la foule se disperse.

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