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La justice bolivienne a allongé samedi 20 mars de quatre à six mois la détention provisoire de l’ex-présidente intérimaire de Bolivie, Jeanine Añez, accusée d’avoir participé à un coup d’Etat présumé contre Evo Morales en 2019.
Cette décision, prise à l’issue d’une longue audience au tribunal, s’applique également à ses anciens ministres de la justice et de l’énergie, également en détention. Des mandats d’arrêt ont été lancés à l’encontre d’autres personnes, dont le dirigeant de la riche région de Santa Cruz (centre) Luis Fernando Camacho et de hauts responsables de l’armée et de la police.
L’avocat de Mme Añez, Luis Guillen, a réagi en déclarant qu’il « ne s’agissait pas d’une surprise », lors d’une conférence de presse à la suite de l’audience.
Jeanine Añez a été transférée en ambulance dans une prison de La Paz où elle pourra être suivie médicalement, selon les services pénitentiaires, assurant que la mission locale du Haut Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies pourrait le vérifier.
« Crise d’hypertension »
Les avocats de l’ancienne présidente de transition, au pouvoir de novembre 2019 à novembre 2020, avaient déposé une demande de remise en liberté après la « crise d’hypertension » dont elle avait été victime après son incarcération.
Son transfert vers un hôpital avait été autorisé vendredi par la justice, puis rejeté quelques heures plus tard par le même tribunal.
« Il n’était pas nécessaire que Mme Jeanine Añez sorte » de prison « nous avons tout ce qu’il faut pour préserver sa santé », a déclaré directeur général du régime pénitentiaire, Juan Carlos Limpias lors d’une conférence de presse. Le personnel des Nations Unies pourra vérifier qu’« aucun droit [de Mme Añez] n’a été violé », a-t-il poursuivi.
La fille de Mme Añez, Carolina Ribera, a dénoncé « un abus, une injustice » dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. « Ils attentent à la vie de ma mère qui a besoin d’une attention médicale urgente », a-t-elle estimé.
La défense de Mme Añez avait annoncé avoir renouvelé sa demande de mise en liberté.
« Persécution politique »
L’ancienne vice-présidente conservatrice de 53 ans a été arrêtée le 14 mars, tout comme deux de ses ex-ministres, à la suite d’une plainte pour « sédition », « terrorisme » et « conspiration » déposée par une ancienne députée du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti de son prédécesseur socialiste Evo Morales.
En novembre 2019, deux jours après la démission de M. Morales, alors qu’elle était deuxième vice-présidente conservatrice du Sénat, Jeanine Añez avait prêté serment comme présidente par intérim à la faveur d’une vacance de pouvoir provoquée par les démissions en chaîne de M. Morales et de ses successeurs constitutionnels.
M. Morales avait été poussé à la démission par un soulèvement, après avoir été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle où il briguait un quatrième mandat, mais accusé de fraude par l’opposition.
Après une campagne de manifestations pendant laquelle au moins 35 personnes avaient été tuées, M. Morales, lâché par la police et par l’armée, avait démissionné et s’était réfugié au Mexique puis en Argentine.
Lors de son arrestation, Mme Añez avait dénoncé une « persécution politique ».
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