Quelque 201 milliards d’euros envolés. Comme si toute l’activité du commerce avait disparu. C’est ce qu’a coûté la récession de 8,3% de l’économie française, l’année dernière, la plus forte, en temps de paix, depuis la crise de 1929. La Grande Dépression avait provoqué une perte de 30% de PIB en quatre ans. Mais, sur une année, la déflagration du Covid est la plus forte depuis le début du XXe siècle. Calculée au niveau mondial, elle donne le tournis: 3.077 milliards d’euros de PIB, consommation des ménages et investissements des entreprises, se sont volatilisés, selon le Fonds monétaire international (FMI), qui estime la récession mondiale à 4,3%. Une perte équivalente à la production de l’Allemagne, quatrième économie mondiale.
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La folie des chiffres ne s’arrête pas là. Les économistes du FMI ont calculé l’écart entre le PIB mondial de l’année Covid et son niveau selon les projections de croissance d’avant la pandémie. Verdict: 12.000 milliards de dollars perdus en 2020 et 2021. L’amputation de l’économie mondiale s’aggraverait jusqu’en 2025, avec un coût astronomique de 22.000 milliards d’euros. Dix fois le PIB de la France.
Désarroi chez les économistes
Rares sont les pays qui échappent au désastre: « En 2021,
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La folie des chiffres ne s’arrête pas là. Les économistes du FMI ont calculé l’écart entre le PIB mondial de l’année Covid et son niveau selon les projections de croissance d’avant la pandémie. Verdict: 12.000 milliards de dollars perdus en 2020 et 2021. L’amputation de l’économie mondiale s’aggraverait jusqu’en 2025, avec un coût astronomique de 22.000 milliards d’euros. Dix fois le PIB de la France.
Désarroi chez les économistes
Rares sont les pays qui échappent au désastre: « En 2021, plus de 150 économies devraient avoir un revenu par habitant inférieur à son niveau de 2019 », s’inquiète Gita Gopinath, l’économiste en chef du FMI, rappelant que 90 millions de personnes devraient tomber dans l’extrême pauvreté. « C’est un nouveau cataclysme à l’échelle du monde, confirme Daniel Cohen, à la tête du département d’économie de l’Ecole normale supérieure. La crise actuelle ne ressemble à aucune autre, ce qui a créé un certain désarroi chez les économistes. »
Face à l’ampleur du choc, les gouvernants n’ont pas hésité, lançant des plans d’urgence XXL. « Quand la maison brûle, il ne faut pas craindre de l’arroser à coups de déficits budgétaires », confiait Daniel Cohen au début de la crise. En France, Bercy chiffre le soutien à 186 milliards d’euros. A Bruxelles, l’Europe va mobiliser 750 milliards supplémentaires alors qu’aux Etats-Unis un plan de relance de 1.900 milliards de dollars a été adopté. Ce qui provoque une explosion de la dette, comme en Europe. Partout, les gouvernements ont volé au secours des secteurs sinistrés, notamment « l’économie des loisirs » – hôtels-restaurants, tourisme, spectacles, événementiel – soit 10% du PIB dans l’Hexagone.
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En France comme en Europe, des plans de relance massifs sont lancés pour soutenir l’activité économique. Ce qui provoque une explosion de la dette. (SOURCE : EUROSTAT)
L’Etat pompier a mis sous perfusion l’économie dans des proportions inimaginables, via le chômage partiel (37 milliards d’euros sur 2020 et 2021). Au plus fort de la crise, 10,2 millions de salariés, un sur deux, étaient pris en charge. En ajoutant les 5,7 millions de fonctionnaires, la part des actifs payés par l’Etat a atteint jusqu’à 60%. Une incroyable étatisation, assumée par les plus libéraux.
Les statistiques virent à l’absurde
Au-delà de ces chiffres fous, la crise a déréglé les statistiques qui virent à l’absurde. En pleine récession, l’Insee a annoncé une baisse sensible du taux de chômage, alors que 360.000 emplois ont été détruits dans le privé l’an dernier. L’explication: beaucoup de chômeurs ont déclaré ne pas être en recherche d’emploi en raison du confinement. D’autres indicateurs sont déroutants. Le nombre de faillites a chuté de 39% en 2020, alors que les experts ne cessent d’annoncer une Bérézina. Grâce aux aides massives (prêts garantis, fonds de solidarité), beaucoup de sociétés ont été maintenues en respiration artificielle. En même temps, les créations d’entreprises ont atteint un record (850.000). Une fièvre entrepreneuriale liée à crise, notamment dans la restauration où les entreprises de livraison de repas se sont multipliées.
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Chiffres fous, indicateurs faussés et lois économiques dépassées. L’année Covid a aussi amplifié les dérèglements de la macroéconomie traditionnelle. « Elle ne correspond plus à la réalité observée », analyse Patrick Artus, chef économiste de Natixis. D’abord, les banques centrales ont créé massivement de la monnaie, pour financer les déficits abyssaux des Etats, mais sans effet – pour l’heure – sur l’inflation, en général dopée par ces injections de liquidités. Surtout, « la forte hausse de l’endettement public ne conduit plus à la perte de solvabilité budgétaire », poursuit Artus. Par leur activisme monétaire, les banquiers centraux ont fait baisser les taux, qui sont même devenus négatifs, allégeant la charge de la dette. A tel point que l’Etat français a gagné de l’argent en s’endettant en 2020… Un dérèglement des lois de l’économie qui tombe à pic, au moment où la dette des Etats casse tous les records.
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