Les tournois d’entreprise connaissent un nouvel élan aux Etats-Unis à l’ère des jeux vidéo où les employés se disputent la victoire dans des matchs d’esport et rivalisent avec d’autres sociétés.
Pour l’ingénieur en logiciels chez Microsoft Daniel Jost, cela signifie affronter des collègues d’Amazon, d’Apple, de Facebook, ou de Google à « Rocket League ».
Le jeu ressemble à du football, mais au volant de voitures utilisées pour déplacer un ballon dans les buts de l’adversaire sur un terrain virtuel.
« C’est comme le bowling ou la ligue de football de l’entreprise, mais cela se fait juste devant un écran d’ordinateur au lieu de se retrouver au bowling tous les vendredis », explique M. Jost.
Son équipe, les Ninjacats, fait partie des meilleurs prétendants aux ligues organisées par la Corporate Esports Association (CEA) fondée en 2018 par un ancien de l’industrie de la cybersécurité, Brad Tenenholtz, et Terence Southard, un spécialiste des fusées qui travaille pour la société d’exploration spatiale de Jeff Bezos, Blue Origin.
« Mon père travaille dans une aciérie à Cincinnati (Ohio), et joue dans son équipe de softball », indique le responsable de la CEA, Brad Tenenholtz.
« Personne ne va l’envoyer dans une autre ville pour participer à une sorte de compétition nationale. Mais avec l’esport, on peut réunir les gens électroniquement et de manière tout aussi significative », ajoute-t-il.
Tout comme pour les jeux vidéo dans leur ensemble, l’intérêt pour les matchs virtuels dans le cadre professionnel a explosé pendant la pandémie, vu les options limitées pour jouer en plein air ou en salle compte tenu des risques liés au Covid-19.
« Ce sont vraiment des ligues sportives d’entreprise sous une forme un peu différente », explique M. Tenenholtz.
Les salariés sont libres de former des équipes et de s’inscrire pour concourir dans des ligues mises en place par la CEA. Les frais d’inscriptions vont à une association caritative choisie par les vainqueurs.
Les matchs sont diffusés en ligne sur des plateformes telles que Twitch et YouTube.
– Outil de team-building –
L’association CEA est aussi embauchée par des entreprises pour organiser des événements de « team-building », destinés à développer l’esprit d’équipe.
Elle a mis au point un outil d’analyse, appelé « Comprehend », qui observe et écoute les joueurs, évalue ceux qui se comportent en leaders ou ceux qui gâchent le plaisir.
Les joueurs sont informés de l’outil Comprehend et peuvent consulter les résultats, précise M. Teneholtz.
Ainsi, le logiciel peut identifier les personnes qui collaborent bien ensemble ou celles vers lesquelles les joueurs se tournent pour leur aptitude à diriger.
L’outil évalue également dans quelle mesure les joueurs communiquent entre eux pour atteindre leurs objectifs et repère les commentaires qui provoquent des conflits.
Ces analyses sont destinées à être utilisées par les entreprises pour améliorer la collégialité et la collaboration sur le lieu de travail, des travailleurs plus heureux qui se sentent connectés à leurs collègues étant moins susceptibles de quitter leur emploi.
Daniel Jost, dont l’équipe n’a joué que dans des matchs caritatifs où le logiciel Comprehend n’est pas utilisé, attribue à la ligue le mérite de l’avoir fait se sentir plus proche de son entreprise, Microsoft.
Point de fierté pour les Ninjacats: l’équipe a gagné des milliers de dollars pour une association caritative, Child’s Play, qui offre jouets et jeux aux enfants dans les hôpitaux.
Jouer pour la bonne cause et représenter sa société permet de maintenir les rivalités dans la bonne humeur.
Et les joueurs, dont bon nombre changent régulièrement d’entreprise, se retrouvent parfois face à d’anciens collègues d’équipes rivales.
« Il y a beaucoup d’émotion et beaucoup de passion pour la victoire. L’esprit de compétition prend le dessus », remarque l’employé de Microsoft.
« Amazon est particulièrement amusant à battre parce que nous partageons la même ville natale », Seattle dans le nord-ouest des Etats-Unis, berceau des groupes fondés par Bill Gates et Jeff Bezos.
Presque toutes les mastodontes de la tech ont au moins une équipe jouant dans les matchs de la CEA, les jeux les plus populaires étant League of Legends et Rocket League.
« Cela a du sens car ces entreprises attirent un plus grand pourcentage de joueurs parmi leurs effectifs, et beaucoup de ces jeux – Rocket League en particulier – sont faciles à jouer et amusants pour les participants », conclut Michael Pachter, analyste chez Wedbush.
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