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Depuis 2019, la Finlande a rapatrié du nord-est de la Syrie six femmes et une vingtaine d’enfants, dont deux orphelins. Certains ressortissants finlandais liés à l’organisation Etat islamique ont réussi à passer en Turquie. Une demi-douzaine de femmes et une douzaine d’enfants sont encore dans les camps syriens d’Al-Hol et de Roj. Chargé en décembre 2019 par le gouvernement de la sociale-démocrate Sanna Marin de gérer leurs rapatriements, le diplomate Jussi Tanner plaide pour le retour de tous les enfants et de leurs mères.
Quelle est la position de la Finlande ?
La Constitution finlandaise impose de garantir les droits fondamentaux des enfants, dans la mesure du possible. Fin 2019, le chancelier de justice a estimé qu’en vertu de cette obligation constitutionnelle et des lois du pays, nous devions rapatrier les enfants. Mon gouvernement m’a désigné pour exécuter cette tâche. Quand nous n’étions pas en mesure de les faire revenir, nous avons essayé d’améliorer leurs conditions de vie sur place. Mais ma position est qu’il faut les sortir de là.
Et leurs mères ?
Jusqu’à maintenant, nous ne pouvons pas rapatrier les enfants sans elles. D’abord, dans la majorité des cas, c’est impossible dans les faits : les autorités sur place refusent de séparer les enfants de leur mère. Certains objectent que la France le fait. Dans certaines conditions très exceptionnelles, en effet, c’est possible, avec l’accord de la mère. Mais concernant les enfants finlandais, ce n’est, pour la très grande majorité d’entre eux, pas une solution.
Par ailleurs, si en Finlande les services sociaux peuvent retirer la garde de leurs enfants à des parents, demander à un groupe armé non étatique de le faire nous place sur un terrain dangereux, légalement. Dans ces conditions, et parce que les droits des enfants prévalent, les mères peuvent les suivre.
Ne représentent-elles pas un risque sécuritaire ?
Quand le gouvernement m’a mandaté, il m’a aussi imposé de considérer chaque cas du point de vue de la sécurité nationale. Les agences compétentes doivent me fournir les informations dont elles disposent. Avec mon équipe, nous examinons les risques. Ils doivent être concrets, conséquents et bien documentés car si la mère ne revient pas, les enfants non plus. Jusqu’à présent, nous n’avons pas été en mesure d’établir que ces risques étaient suffisamment importants pour outrepasser les droits des enfants.
Ces femmes sont-elles jugées à leur retour ?
Mon travail s’arrête à l’aéroport. Je ne connais pas les détails. Et cela n’a pas d’importance pour ma mission. La législation finlandaise a été critiquée pour ne pas être suffisamment sévère avec les djihadistes : voyager avec l’intention de rejoindre une organisation terroriste n’est interdit que depuis 2016. Toutes ces femmes sont parties avant. Et la loi ne peut être appliquée rétroactivement. Par contre, elles peuvent être condamnées pour autre chose. Mais nous ne pouvons pas laisser les enfants dans les camps, seulement parce que leurs mères ne pourront peut-être pas être jugées en Finlande.
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