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Patrick Artus : « Quelles seront les conséquences de l’affaiblissement massif de la croissance potentielle de la Chine ? »

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A Pékin, le 18 mars 2021. A Pékin, le 18 mars 2021.

Chronique. La Chine est sortie beaucoup plus vite que les pays de l’OCDE de la crise du Covid-19 : la croissance y a été de + 2,3 % en 2020, celle des Etats-Unis de – 3,5 %, celle de la zone euro de – 6,8 % ; on prévoit, pour 2021, 8 % de croissance en Chine contre 6 à 7 % environ aux Etats-Unis et 4 à 5 % dans la zone euro. A la fin de 2020, le PIB de la Chine était déjà supérieur de 7 % à celui de la fin de 2019 ; dans la zone euro, il était inférieur de 5 %.

Cette énorme différence vient d’une meilleure gestion sanitaire de la crise (avec l’isolement strict des personnes contaminées) et d’un plan de relance budgétaire massif, basé en particulier sur les investissements des collectivités locales : au quatrième trimestre 2020, les investissements en construction (bâtiment, infrastructures) ont augmenté de 10 % sur un an. Le sentiment d’une supériorité économique de la Chine par rapport aux pays de l’OCDE est ainsi partagé par de nombreux observateurs… et par les dirigeants chinois.

Mais il ne faut pas oublier que le problème central de la Chine est, en réalité, le fort ralentissement de sa croissance potentielle. Au début des années 2010, celle-ci était estimée à 11 % par an ; au début des années 2020, cette estimation est tombée à 5 % par an. Mais où en sera-t-elle à la fin de la décennie ?

Le premier problème auquel la Chine va être confrontée est le vieillissement démographique. La population en âge de travailler (20 à 64 ans) augmentait de 1,8 % par an au début des années 2010. Mais elle recule de 0,2 % par an depuis le début des années 2020, et devrait reculer de 0,7 % par an à la fin de la décennie. La politique de l’enfant unique a fait baisser fortement le taux de fécondité de la Chine : il oscille autour de 1,6 depuis trente ans et ne se redresse pas malgré l’allégement des contraintes sur les familles.

Déformation du capital

Le second problème est l’évolution des gains de productivité. Ceux-ci, très rapides, se situaient autour de 9 % par an de 2004 à 2010 ; ils sont aujourd’hui autour de 4 % par an. Mais ils pourraient encore ralentir, pour plusieurs raisons.

D’abord, le potentiel de rattrapage du niveau de productivité des pays de l’OCDE s’affaiblit. Au début des années 2000, le produit intérieur brut (PIB) par habitant – en termes réels et en dollars constants – était six fois plus élevé dans les pays de l’OCDE qu’en Chine ; l’écart s’est aujourd’hui réduit à 2,5 fois. Le nombre de robots industriels pour 100 salariés de l’industrie était pratiquement nul en Chine en 2000, alors qu’il était de 1,2 dans les pays de l’OCDE ; en 2019, il est de 1,6 en Chine et de 2,4 dans les pays de l’OCDE : la vitesse de rattrapage de la productivité en Chine va nécessairement se ralentir, d’autant que les pays de l’OCDE deviennent de plus en plus méfiants en matière de propriété intellectuelle et de transferts de technologie.

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