Usés par des équipements « vétustes » et inadaptés, le personnel et les patients de l’hôpital d’Épinal intègrent avec soulagement des bâtiments flambants neufs, au moment même où se dessine une reprise de l’épidémie de Covid-19.
« On a des soignants heureux ! C’est rare actuellement ». Jean-Marc Lalot ne boude pas son plaisir. Médecin et président de la commission médicale d’établissement, il savoure l’arrivée de ses équipes dans l’élégant complexe hospitalier rouge et blanc, pas encore inauguré officiellement.
« On passe de 80% de chambres doubles à 90% de chambres simples: pour l’agrément au quotidien, c’est important, et médicalement, pour la gestion d’une pandémie, des chambres individuelles pour des patients à l’isolement, c’est un atout », explique-il.
Depuis un an, le personnel a traversé une crise éprouvante, accueillant des patients en surnombre, jusqu’à « 300% des capacités » de réanimation, dans des conditions loin d’être optimales, notamment face au risque d’infections nosocomiales.
« Les dépressions dans les chambres, la qualité du renouvellement de l’air, les procédures d’isolement, ce n’était plus du tout adapté à la médecine d’aujourd’hui », souligne-t-il. « On a eu des transmissions croisés, des patients qui ont attrapé le virus à l’hôpital ».
– Technologie de pointe –
Alors que les ambulances poursuivent leur va-et-vient entre les deux bâtiments distants de 300 mètres pour déménager les patients, au premier étage, le service de soins critiques est déjà installé.
Seule réa’ de tout le département des Vosges, elle compte désormais 18 lits, soit 50% de plus qu’auparavant. Dans la chambre numéro 6, Céline Perrot, infirmière de 39 ans, prend ses marques avec les nouveaux équipements.
« On a du matériel technologique de pointe, des bras télescopiques qui nous permettent de manipuler autour du malade, on a de la place, on n’est plus obligé de se contorsionner comme on le faisait dans l’ancien hôpital », se réjouit-elle.
Pour toute l’équipe, voir enfin aboutir le chantier du nouvel hôpital, 18 ans après le lancement du projet, est perçu comme une « reconnaissance » du travail accompli.
« On avait vu les nouveaux hôpitaux de Nancy se construire, ceux de Mercy (au sein du CHRU de Metz-Thionville, ndlr), celui de Strasbourg, où même celui de Vesoul… Le fait d’avoir un établissement qui datait des années 1960, on se sentait un peu défavorisés », concède Christian Thenot, médecin réanimateur.
Il aura d’ailleurs fallu que la commission départementale de sécurité et d’incendie émette plusieurs avis défavorables à l’exploitation de l’ancien bâtiment pour que se concrétisent le financement et la construction du nouveau.
Au sein du service d’infectiologie, au quatrième étage, Claude Gérome, 85 ans, vient tout juste d’être transféré. Atteint d’une leucémie, il est soulagé de pouvoir disposer d’une chambre individuelle, et d’avoir sa propre salle de bain.
– Préserver la « dignité » –
« C’est le luxe ici, c’est impeccable », confie celui qui a contracté le Covid-19 au cours de son hospitalisation. « Tout a changé, en termes de tranquillité et d’accessibilité ».
L’amélioration des conditions de prise en charge des malades est saluée par l’équipe soignante. « Pour la dignité, c’est très important », témoigne Anne, infirmière en médecine interne.
« On a une population assez âgée, dépendante, avec des problèmes de mobilité, donc c’était parfois compliqué de sortir avec sa perfusion pour aller chercher la douche qui pouvait être à 30 mètres de la chambre », expose-t-elle. « Et puis les patients n’étaient pas très contents d’avoir des locaux vétustes, ça leur donnait aussi l’impression que la prise en charge allait être moins bonne ».
Au total, les capacités d’accueil ont été augmentées, passant de 293 à 324 lits et places d’hospitalisation de jour. Pour tourner à plein régime, l’hôpital continue de recruter.
Dans un département dépourvu de faculté de médecine, le docteur Lalot espère que le nouvel établissement, qui représente un investissement de 150 millions d’euros, permettra d’attirer les talents, malgré une démographie médicale déficitaire.
Pour l’heure, il se concentre sur une éventuelle reprise épidémique, alors que le taux d’incidence a bondi de 37% en une semaine dans le département. Mais « si on doit faire face à une troisième vague, les conditions de travail seront vraiment différentes », promet-il.
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