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Birmanie : des manifestants prêts à résister « jusqu’au bout » pour dénoncer le coup d’Etat

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Des manifestants hostiles au coup d’Etat militaire défilent à Thaketa, un quartier de la capitale Rangoun, le 20 mars 2021. Des manifestants hostiles au coup d’Etat militaire défilent à Thaketa, un quartier de la capitale Rangoun, le 20 mars 2021.

Les rassemblements se poursuivent malgré les morts et les disparitions. Des manifestants prodémocratie ont défilé samedi 20 mars en Birmanie, prêts à résister « jusqu’au bout » à la répression meurtrière de la junte. Des médecins, enseignants, employés de banque ou des chemins de fer se sont également mis en grève, paralysant une partie de la fragile économie du pays. Mais les foules sont globalement moins nombreuses, beaucoup de Birmans restant terrés chez eux par peur des représailles.

A Thaketa, un quartier de la capitale économique, Rangoun, les forces de l’ordre ont ouvert le feu contre des manifestants, qui ont répondu en leur lançant des cocktails molotov. Un habitant, qui a demandé à rester anonyme, a assuré qu’un adolescent avait été tué d’une balle dans la tête. Selon une vidéo vérifiée par l’Agence France-Presse, les forces de sécurité étaient présentes dans le quartier, elles tiraient à vue, et criaient des insultes aux manifestants.

A Mandalay, les protestataires ont brandi une banderole sur laquelle était écrit « le paon combattant », un symbole utilisé lors du soulèvement populaire de 1988 puis repris par le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). A une centaine de kilomètres de là, dans la ville de Monywa, plusieurs centaines de personnes ont défilé, brûlant au passage une copie de la constitution. Rédigé en 2008 sous le régime militaire précédent, le texte en question garantit des pouvoirs exorbitants à l’armée.

« Qui a dit que nous devions abandonner à cause des armes de [la junte] ? Nous sommes nés pour la victoire », a tweeté Ei Thinzar Maung, un des leaders de la contestation. « Nous nous battrons jusqu’au bout. On fera tomber cette dictature », a écrit un autre protestataire.

La nuit dernière, une personne a été tuée par les forces de sécurité dans la ville minière de Mogok (nord), et deux autres grièvement blessées, selon un secouriste.

« Fusillades et pillages »

A Rangoun, la situation est très tendue depuis que deux des cinq millions d’habitants de la capitale économique sont soumis à la loi martiale. Certains quartiers ont sombré dans le chaos, voyant s’affronter forces de sécurité et manifestants à coups de projectiles et de cocktails Molotov pour ces derniers, les premiers tirant quant à eux à balles réelles sur les civils. Militaires et policiers « pillent et détruisent des propriétés publiques et privées », dénonce l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), assurant également que « les fusillades [allaie]nt augmentant jour après jour ».

De nombreux habitants ont quitté Rangoun, ces derniers jours. Ils ont entassé leurs affaires à l’arrière de voitures, de tuk-tuks ou sur des deux-roues afin de rejoindre leur région d’origine. D’autres Birmans ont fui en Inde, alors que la Thaïlande de son côté se prépare à accueillir un afflux de réfugiés.

La Birmanie se referme chaque jour davantage. Les connexions d’Internet mobile restent coupées, et seuls les journaux d’Etat sont disponibles. Les arrestations se poursuivent, notamment chez les grévistes, les membres de la LND et les journalistes. Un correspondant birman du service local de la BBC, Aung Thura, a été arrêté vendredi par des hommes non identifiés. Plus de trente journalistes ont par ailleurs été interpellés depuis le putsch.

« Le meurtre de manifestants pacifiques et les arrestations arbitraires, y compris de journalistes, sont tout à fait inacceptables, a tweeté samedi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. […] Une réponse internationale ferme et unifiée est nécessaire de toute urgence ».

Près de 240 civils sont morts depuis le coup d’Etat militaire du 1er février, qui a renversé Aung San Suu Kyi. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd : des centaines de personnes arrêtées ces dernières semaines sont portées disparues. « Le mouvement prodémocratie maintient la junte dans l’incapacité d’exercer le pouvoir politique et administratif », relève l’AAPP.

Probables sanctions de l’Union européenne

Les généraux, de leur côté, continuent de faire la sourde oreille aux multiples condamnations internationales. L’Union européenne doit sanctionner lundi onze officiers birmans impliqués dans la répression. Bruxelles finalise aussi des mesures coercitives visant les intérêts économiques des membres de la junte. Des pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) – qui n’interfère habituellement pas dans les affaires d’un Etat membre – élèvent également la voix.

Le président indonésien, Joko Widodo, va demander au sultanat de Brunei, qui préside l’Asean cette année, d’organiser une réunion d’urgence. « L’Indonésie demande instamment que le recours à la violence cesse. (…) La sécurité et la prospérité de la population doivent devenir la priorité absolue », a-t-il relevé.

Le Monde avec AFP

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