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ReportageLa défaite face à l’Azerbaïdjan dans la guerre du Haut-Karabakh se traduit par l’influence croissante de Moscou dans le pays, suscitant aussi des inquiétudes sur sa souveraineté.
On les repère à leurs drapeaux. Depuis quelques semaines, les militaires russes se sont multipliés dans la région de Siounik, dans le sud-est de l’Arménie. Leur présence rassure. « Je me sens plus tranquille quand je les vois, ce sont eux qui assurent notre sécurité. Il y en a partout, maintenant », se réjouit Hamest Sargissian, une retraitée arménienne de Chournoukh, un hameau situé à la frontière des zones tampons repassées sous le contrôle de l’Azerbaïdjan après le cessez-le-feu du 9 novembre 2020, qui a consacré la défaite de l’Arménie dans la guerre du Haut-Karabakh.
Dans le cadre de cet accord, 1 960 soldats russes chargés du maintien de la paix ont été déployés pour une durée de cinq ans dans l’enclave séparatiste. Ceux qui se sont installés à Siounik, en territoire arménien, ne font cependant pas partie de ce contingent, précise au Monde le ministère arménien des affaires étrangères. Leur mission n’en est pas moins identique : ils font office de médiateurs pour éviter toute escalade entre les habitants des villages frontaliers et les soldats azerbaïdjanais, désormais à proximité immédiate.
De nombreux villageois s’expliquent mal pourquoi la Russie n’est pas venue à la rescousse de l’Arménie plus tôt pendant la guerre. Ils étaient convaincus qu’elle interviendrait, quand bien même les accords de défense entre Erevan et Moscou, notamment dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective, ne concernent que le territoire arménien et non le Haut-Karabakh. Malgré les lourdes pertes territoriales et humaines (au moins 3 500 morts côté arménien), ils ne lui en tiennent pas rigueur. Ici comme ailleurs dans le pays, la Russie est aujourd’hui considérée comme un « sauveur » et un rempart indispensable face à la Turquie et l’Azerbaïdjan, les voisins de ce pays du Caucase d’à peine 3 millions d’habitants.
« Nous sommes un petit pays entouré d’ennemis. Nous avons besoin de protection parce que nous n’avons pas la force suffisante pour nous défendre seuls. Or notre seul allié, dans la région, c’est la Russie. On a besoin de construire de bonnes relations avec elle », explique Chuchanik Iskhanyan, 24 ans, venue participer à l’une des manifestations qui se tiennent à Erevan depuis quatre mois contre le premier ministre, Nikol Pachinian, tenu responsable de la défaite.
« De plus en plus dépendants des Russes »
Le renforcement de la coopération entre Moscou et Erevan est déjà à l’œuvre. Le ministre arménien de la défense, Vagharchak Haroutiounian, a annoncé le 22 février qu’Erevan était favorable à l’extension de la base militaire russe, déployée depuis 1995 à Gumri, dans le nord-ouest du pays et forte, officiellement, de 3 000 hommes. La Russie va également aider à réformer l’armée arménienne. « En tenant compte de l’expérience au Karabakh, nous allons radicalement réviser et optimiser notre capacité de combat et le nombre de nos forces », a précisé le ministre. Les efforts porteront sur le développement des systèmes de contrôle, du renseignement, de la guerre électronique, de la défense aérienne, des avions sans pilote, des forces de missiles et de l’artillerie.
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