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« On croyait avoir Papy Biden, on a le Popeye de la relance budgétaire »

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On le disait fatigué, l’allure faiblarde, manquant d’énergie. En un mot : trop vieux ! Repêché miraculeux des primaires démocrates, il n’aurait gagné la Maison Blanche que par la grâce du vote anti Donald Trump. En somme, il ne fallait pas attendre grand-chose de ce centriste bientôt octogénaire, incarnation élégante – costumes cintrés à l’italienne – d’un establishment honni dans le pays. Quelle erreur !

L’hebdomadaire The Economist dit cette semaine que l’Amérique de Joe Biden est en passe « de défier le pessimisme ambiant ». On salue un plan de sauvetage économique post-Covid-19 – 1 900 milliards de dollars publics (environ 1 600 milliards d’euros) – de proportion gargantuesque. On croyait avoir Papy Biden, on a le Popeye de la relance budgétaire. Un risque-tout. Un président qui marque une rupture : le retour massif de l’Etat dans la conduite de l’économie. Roi de l’endettement public, fossoyeur d’une époque marquée par la crainte obsessionnelle du retour de l’inflation, Biden, selon The Economist, tente « une expérience sans parallèle depuis la seconde guerre mondiale ». Risquée.

Le moral suit

L’énormité des sommes d’argent public en jeu ne dit pas tout. Outre l’assistance multiforme à la lutte contre le Covid-19, le plan Biden vise prioritairement les plus pauvres d’entre les Américains (Noirs, Latinos et ces Blancs marginalisés, ghettoïsés, rejetés de la techno-mondialisation). Aide financière directe, crédits d’impôts, appui scolaire, financement d’une assurance santé, formation professionnelle : le plan serait de nature à réduire singulièrement la pauvreté aux Etats-Unis. Il marque un accroissement historique de l’Etat-providence dans le pays.

Le moral suit. Comme l’économie est faite d’anticipations, elles sont au beau fixe. Les conjoncturistes doublent le taux de croissance prévu pour les Etats-Unis en 2021 : + 6,5 % (au lieu de + 3,2 %) – un taux « chinois ». Loin derrière, l’Europe, dit l’économiste Martin Sandbu dans le Financial Times, risque d’être de plus en plus marginalisée.

On connaît les risques du plan Biden. Les économistes alertent sur celui du retour à une inflation du type des années 1970. Pénalisante au point d’étouffer la croissance, elle augmenterait de façon insupportable, pour les contribuables, le coût de la dette publique. Alors que l’économie américaine est déjà en pleine reprise, le plan Biden accentue les possibilités de surchauffe. Compte tenu du poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale, si Biden échoue, les répercussions seront globales.

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