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Le Parlement espagnol a approuvé définitivement, jeudi 18 mars, la légalisation de l’euthanasie. L’Espagne devient ainsi le quatrième pays européen et le sixième dans le monde à permettre à un patient atteint d’une maladie incurable de mourir pour mettre fin à ses souffrances, après les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Le Parlement portugais a également adopté, à la fin de janvier, une loi dépénalisant l’euthanasie, mais la Cour constitutionnelle a retoqué lundi le texte, qui va être renvoyé aux députés.
La nouvelle législation espagnole, qui doit entrer en vigueur en juin, autorise aussi bien l’euthanasie – c’est-à-dire lorsque le soignant provoque la mort du patient – que le suicide médicalement assisté – lorsque le patient prend lui-même la dose prescrite. Ils seront réservés aux personnes ayant « une maladie grave et incurable » ou des douleurs « chroniques [les] plaçant dans une situation d’incapacité ». Les patients seront en droit de demander l’aide du corps médical pour mourir et s’éviter ainsi « une souffrance intolérable ».
Des conditions strictes encadrent la démarche : la personne, espagnole ou résidant dans le pays, doit ainsi être « capable et consciente » lorsqu’elle fait sa demande, qui doit être formulée par écrit « sans pression extérieure » et renouvelée quinze jours plus tard.
Le médecin pourra toujours rejeter cette demande s’il estime que les critères ne sont pas remplis. En outre, la demande doit être approuvée par un autre médecin et recevoir le feu vert d’une commission d’évaluation. N’importe quel professionnel de santé peut enfin faire valoir « son objection de conscience » et refuser de participer à la procédure, prise en charge par le système de santé public. Vice-présidente de l’ordre des médecins, Manuela Garcia Romero ne cache pas ses doutes sur la mise en œuvre de la loi et rappelle qu’un « médecin souhaite que personne ne meure. C’est dans son ADN ».
85 % des Espagnols y sont favorables
Priorité du gouvernement de gauche de Pedro Sanchez, l’adoption de cette loi survient après plusieurs cas emblématiques dans le pays au cours des dernières décennies, dont celui de Ramon Sampedro, tétraplégique incarné à l’écran par Javier Bardem dans le film oscarisé Mar adentro. Le cas de Luis Montes, médecin anesthésiste accusé d’avoir donné la mort à 73 patients en phase terminale, a également fait couler beaucoup d’encre jusqu’à ce que son dossier soit classé par la justice en 2007. Plus récemment, en 2019, Angel Hernandez a été arrêté pour avoir aidé sa femme, atteinte de sclérose en plaques, à mourir. Il attend d’être jugé.
C’est une victoire « pour les gens qui pourront en bénéficier », et aussi « pour Ramon », s’est félicité auprès de l’Agence France-Presse Ramona Maneiro, l’amie de Ramon Sampedro qui l’a aidé à mourir en 1998. Arrêtée durant quelques jours, elle n’avait pas été jugée, faute de preuves.
Selon la dernière enquête d’opinion sur la question, réalisée par Ipsos en novembre 2020, 85 % des Espagnols sont favorables à sa régularisation.
L’Eglise catholique avait vivement critiqué cette réforme. L’euthanasie « est toujours une forme d’homicide », et « plutôt que défendre la vie », l’Etat « devient responsable de la mort infligée », a ainsi dénoncé la Conférence épiscopale espagnole.
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