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RécitLa première condamnation pour « complicité de crimes contre l’humanité » d’un sous-officier syrien, en Allemagne, donne espoir aux chasseurs des crimes d’Assad.
Dix ans après le début de la guerre civile, c’est le premier verdict visant un membre du régime syrien. Eyad Al-Gharib, 44 ans, a été reconnu coupable de « complicité de crimes contre l’humanité » pour meurtres et torture, le 24 février, et condamné à quatre ans et six mois de prison par la Haute Cour régionale de Rhénanie-Palatinat, à Coblence, en Allemagne, où il avait tenté de se réfugier en 2018.
Tout au long de ce procès, ouvert en avril 2020, l’ex-sergent des services de renseignements affecté à la « branche 251 » – le centre de détention Al-Khatib, de sinistre réputation, situé au cœur de Damas – n’aura cessé de dissimuler son visage. L’homme « n’est qu’un petit rouage dans l’énorme machine de torture du régime syrien », a commenté le musicien Wassim Mukdad, réfugié et partie civile du procès, peu après la sentence. Coplaignant, victime et témoin, il juge que « la route qui mène à la justice est longue » et ajoute, à visage découvert, que « l’un des objectifs est de voir comparaître Bachar Al-Assad et son cercle proche devant un tribunal ». Une bataille vient d’être remportée, mais pas encore la guerre.
Ce combat a débuté avec les premiers carnages émaillant les manifestations pacifiques de mars 2011. Alors que la répression ne connaissait plus de limites, que l’opposition au régime se fragmentait et prenait les armes, l’espoir d’une révolution s’est amenuisé.
Nombre d’activistes syriens ont alors décidé de résister à leur manière. Parfois au risque de leur vie, ils se sont mis à documenter les exactions, et à accumuler les preuves à l’encontre de ceux qui les commettaient – le régime, au premier chef. La condamnation d’Eyad Al-Gharib constitue la première victoire concrète de cette résistance à la barbarie. L’issue d’une deuxième bataille, attendue à l’automne, dépend de l’inculpation espérée de son coaccusé et ancien patron, Anwar Raslan, dont le procès se poursuit à Coblence.
Ce haut gradé, colonel dans les services de renseignements, ne se cachait pas particulièrement à son arrivée en Allemagne, en 2014. Le quinquagénaire a été repéré dans un centre d’accueil pour réfugiés, par l’une de ses victimes. Le colonel n’aurait pas plus mal tomber : celui qui vient de le reconnaître n’est pas du genre à reculer devant l’adversité. Issu d’une famille communiste d’Hama, Anwar Al-Bunni est avocat et militant des droits de l’homme. Dans la Syrie des Hafez, son engagement lui a valu des années de détention. Or son dernier séjour en prison, de 2006 à 2011, il le doit justement à cet homme au crâne dégarni, qu’il croise alors que lui-même tente de s’adapter à un exil forcé. « J’ignorais qu’un type pareil pouvait être mis en accusation en Allemagne, confie-t-il. En fait, il était désormais à notre portée ! » Il se mit en quête d’autres témoins, « des gens que j’avais défendus, à l’époque où j’exerçais en Syrie ».
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