Des débuts encore timides mais porteurs de beaucoup d’espoir: Air France a commencé à expérimenter une application de données sanitaires pour ses passagers, une des mesures sur lesquelles compte le secteur aérien pour se relancer sur fond de crise du Covid-19.
« Préparez votre passeport, votre feuille de test PCR et vos attestations », lance régulièrement une hôtesse chargée d’orienter les voyageurs, jeudi dans les sous-sols de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, en région parisienne.
Un peu hagards après un vol de 11 heures depuis la côte ouest américaine, les voyageurs obtempèrent avant de faire la queue, leur liasse de documents à la main, devant les guichets de la police.
La crise sanitaire a vidé les aéroports – Roissy accueille actuellement environ 15 à 20% de son nombre de passagers habituels, selon son gestionnaire, le Groupe ADP – mais pour ceux qui doivent voyager, le parcours est devenu encore plus complexe qu’avant.
« Nous avons les motifs impérieux, les attestations d’absence de symptômes, les certificats de tests PCR, le contrôle de ces formalités est très fastidieux et long », constate Emmanuelle Ferracci, responsable du projet de pass sanitaire chez Air France.
Un sujet qu’ADP veut anticiper, souligne Franck Le Gall, directeur des opérations aéroportuaires du groupe: « avec de faibles trafics, on arrive à faire des contrôles, mais dès lors que l’été va arriver et que le trafic va reprendre, on aura un risque de temps d’attente si jamais les contrôles sont longs ».
La numérisation des documents et leur standardisation pourrait aider à résoudre ce problème, outre celui des tentatives de fraude.
La solution testée par Air France, « AOK Pass » élaborée par la société MedAire, filiale du groupe International SOS, est téléchargeable sur toutes les plateformes. Les tests PCR sont effectués dans des laboratoires partenaires, et leur résultat envoyé sur les téléphones sous forme de codes QR, ensuite scannés par le personnel à l’aéroport.
– Avis mitigés –
AOK (pour « Anticorps OK »), qu’Air France va expérimenter pendant quatre semaines sur ses lignes vers les Antilles, Los Angeles et San Francisco, a d’abord été déployée il y a six mois, sur une liaison entre le Pakistan et Abou Dhabi, explique Sébastien Bedu, chef de produit chez MedAire. Etihad Airways, Alitalia ou encore Corsair l’ont déjà adoptée, et « des milliers » de certificats ont été délivrés.
Mercredi à Roissy, les pionniers de l’application se comptaient néanmoins sur le doigt d’une main.
« La compagnie me l’a recommandée, ils m’ont dit que ce serait rapide et facile », témoigne Marisela Moreno, 40 ans, habitante de Los Angeles, qui vient de passer avec succès le contrôle. Air France incite ses clients à adopter l’application en leur réservant un embarquement prioritaire, tandis qu’à l’arrivée une file plus rapide leur est dédiée.
Mais au départ vers Pointe-à-Pitre, très peu de voyageurs semblaient encore avoir eu recours à cette solution, pas faute d’avoir essayé pour certains.
« Il n’y avait aucun moyen de faire fonctionner l’application », affirme Livio Gamassia, lui-même développeur, « c’est dommage parce que je trouvais que le principe était bon ».
Un a priori positif partagé par Sophie Bavin, également en partance pour la Guadeloupe, qui se désole de ne pas avoir reçu le code QR après son test.
Malgré ces débuts mitigés, ces applications sont amenées à devenir le quotidien des voyageurs tant que la pandémie fera rage, selon l’Association internationale du transport aérien (Iata) qui pousse sa propre solution, l’ »Iata Travel Pass » et a commencé à la tester cette semaine sur un Singapour-Londres.
L’Union européenne a également dévoilé mercredi son projet de certificat (test PCR négatif, vaccin ou immunité post-infection) afin de faciliter la reprise des voyages cet été.
Quant au respect de la vie privée, « la totalité des données restent sur le téléphone du passager, elles ne le quittent jamais », promet M. Bedu, en soulignant que l’application respecte le règlement européen sur les données personnelles. Et pour les rétifs aux smartphones, MedAire a prévu une carte spécifique avec un code QR imprimé.
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