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Faible anticipation, coûts évitables: la Cour des comptes tire les premières leçons de la crise sanitaire

La lutte contre l’épidémie a pâti de l’impréparation de l’Etat, notamment dans les hôpitaux et l’enseignement qui n’avaient pas suffisamment anticipé la survenue d’une crise de cette importance, même si leur forte mobilisation a finalement permis de faire face, selon la Cour des comptes.

Dans son rapport annuel publié jeudi et consacré pour une large part à la gestion de la crise sanitaire, l’institution financière a voulu tirer les « premiers enseignements » de l’année écoulée.

Pas sur le plan des finances publiques toutefois. Son traditionnel bilan sur l’état des finances est cette fois reporté au mois prochain, au cours duquel la Cour doit rendre un rapport spécifique sur le sujet à la demande de Matignon.

Si le tableau n’est pas totalement noir, la Cour constate globalement une « faible anticipation » assez générale, symptomatique du fait que « les acteurs publics n’accordent pas suffisamment d’attention à la gestion des risques, à leur préparation, quelle que soit leur nature ».

« Notre rapport s’attache (…) à partager certains enseignements pour renforcer notre résilience collective lors des prochains chocs, quelle que soit leur forme ou leur intensité », a commenté le premier président de la Cour, Pierre Moscovici, qui présentait lors d’une visioconférence de presse son premier rapport annuel depuis sa nomination l’an dernier.

« Il ne faut pas que nous soyons dans le même état d’impréparation » lorsque la prochaine crise arrivera, a-t-il ajouté, précisant que le rapport « s’attache surtout à souligner la remarquable réactivité des acteurs publics face à un choc sans précédent ».

« Les acteurs publics ont tenu », a-t-il insisté.

Pour évaluer la gestion de l’épidémie, la Cour s’est notamment intéressée aux établissements hospitaliers et aux services de réanimation, à la continuité scolaire grâce aux outils numériques, à la prise en charge des personnes sans logement, au dispositif d’aide du fonds de solidarité, ou encore aux conséquences de la crise pour la SNCF et sur le financement de l’assurance-chômage.

« Dans la plupart des cas, les dispositifs d’anticipation de crise n’étaient pas au rendez-vous : pas de plan de continuité dans les établissements scolaires, pas de plan adapté non plus dans les services de réanimation ni à la SNCF », énumère le rapport.

Dans les hôpitaux, la réanimation était « un secteur mal préparé à affronter la crise », avec notamment « un taux d’équipement qui se dégrade, marqué par de fortes inégalités territoriales », indique-t-elle.

– Forte mobilisation –

Dans l’enseignement, la continuité scolaire a pu être assurée « rapidement » grâce aux outils numériques existants, mais ceux-ci ont montré leurs limites, notamment pour les plus jeunes et pour les élèves souffrant de handicaps. Et la Cour critique le manque d’ »organisation collective » de cet enseignement à distance par les établissements.

A l’inverse, l’aide au retour des Français qui se sont retrouvés coincés à l’étranger à l’annonce du premier confinement a montré la capacité d’adaptation de l’administration, et cela pour un coût « maîtrisé », juge-t-elle.

La Cour souligne d’ailleurs la « forte capacité de mobilisation » des agents face à la soudaineté de la crise, qui a permis « une continuité du service » que ce soit dans les hôpitaux, au sein de l’administration fiscale pour délivrer les aides ou à l’Unédic pour adapter les règles de l’assurance chômage.

Elle souligne ainsi la grande capacité de réaction des acteurs publics, qui ont aussi su faire preuve d’innovation pour faire face à la crise.

Au plan financier, si la crise a eu un coût « élevé » pour l’Etat, entre 160 et 170 milliards d’euros à ce jour selon le gouvernement, la Cour insiste aussi sur l’efficacité « discutable » de certaines dépenses, par exemple pour l’hébergement d’urgence des sans-abri.

Elle estime que les contrôles doivent être renforcés sur d’autres dépenses, comme le dispositif du fonds de solidarité pour les entreprises, qui a coûté 12 milliards d’euros l’an dernier.

Surtout, la crise a mis en lumière les problèmes de financement de certains services publics, notamment le manque de capacités en hospitalisation en soins critiques (soins intensifs, réanimation…) ou encore le financement des services ferroviaires, dont le réseau connaît des « fragilités structurelles ».

Outre ses travaux liés à l’épidémie, la Cour s’est aussi intéressée dans son rapport annuel à plusieurs domaines de l’action publique.

Elle a ainsi épinglé les Chambres de commerce et d’industrie et les Chambres des métiers de l’artisanat, s’interrogeant sur leur utilité.

Elle estime que l’accès de tous à un compte bancaire (« l’inclusion bancaire ») doit être amélioré, même si des progrès ont déjà été réalisés.

La Cour critique aussi la gestion de l’eau et de l’éclairage public par les collectivités, qui doivent mieux faire.

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