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Bientôt cinq mois qu’il a été désigné. Cinq mois de petites phrases et de grands discours, de négociations et de conciliabules, de tournées à l’étranger et de consultations avec des ambassadeurs. Et à l’arrivée, rien. Le gouvernement que Saad Hariri avait été chargé de former le 22 octobre 2020, dans le but de sortir le Liban de la pire crise économique de son histoire, se fait toujours attendre.
Le chef de file du camp sunnite, censé succéder à Hassan Diab, démissionnaire depuis la catastrophique explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, n’en finit pas de s’écharper avec le président Michel Aoun et son gendre Gebran Bassil, chef du principal parti chrétien, le Courant patriotique libre. La querelle porte sur le tiers de blocage revendiqué au sein du futur exécutif par le camp présidentiel et sur les portefeuilles de l’intérieur et de la justice, auxquels aucun d’entre eux ne veut renoncer.
Des motifs risibles au regard de la gravité de la situation. Le mouvement chiite Hezbollah, le plus puissant des trois pôles de pouvoir du système libanais, qui a sécurisé son quota de ministres, reste à l’écart de ces bisbilles, comme s’il n’était pas pressé de les résoudre.
Chacun de ces acteurs répugne à faire les gestes nécessaires à la relance de l’action gouvernementale, leur immobilisme dût-il entraîner l’écroulement du pays.
Car la chute de la monnaie nationale, qui a décroché du taux officiel de 1 500 livres pour un dollar à l’automne 2019, s’est subitement accélérée ces dernières semaines. Le billet vert qui s’échangeait en octobre 2020, au moment de la nomination de Saad Hariri, à 8 000 livres sur le marché noir, est passé à 10 000 livres début mars, avant de s’envoler à 15 000 livres en début de semaine.
Extension de la pauvreté et menace de black-out
Difficile de tirer au clair les raisons de cette brutale hémorragie. Au-delà de la paralysie gouvernementale, qui bloque les réformes indispensables au retour de la confiance (audit de la banque centrale, loi sur le contrôle des capitaux, etc.), les observateurs pointent plusieurs facteurs possiblement aggravants : la récente obligation faite aux établissements bancaires d’accroître leurs dépôts en dollars auprès de l’institution monétaire libanaise ; la récente réouverture des magasins après deux mois de confinement, qui a elle aussi dopé la demande en billets verts.
Ils évoquent aussi de possibles manipulations des cours, à l’instigation du camp Hariri, pour faire pression sur ses adversaires. « Dans cette famille, c’est quasiment une tradition », persifle Mohanad Hage Ali, analyste au centre de recherches Carnegie. Une référence à la dépréciation de 1992, jugée fabriquée par beaucoup d’experts, qui a facilité l’arrivée au pouvoir de Rafik Hariri, le père de Saad.
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