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Après ses succès militaires, la Russie craint l’enlisement en Syrie

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C’est une guerre invisible, disparue des écrans après les avoir saturés. Impopulaire, aussi. Les « trophées » ramenés de Syrie, circulant à travers la Russie, en 2019, n’ont pas suscité l’enthousiasme escompté. Cette exposition organisée par le ministère de la défense a déclenché un flot de critiques sur les réseaux sociaux, qui ont dénoncé le coût de cette opération de propagande et son mauvais goût. Depuis, les annonces triomphales ont cessé, tout comme les vidéos de frappes aériennes, les concerts dans les ruines de Palmyre ou les reportages sur l’aide apportée aux populations syriennes…

Le président syrien, Bachar Al-Assad, fait visiter à son homologue russe, Vladimir Poutine, la mosquée historique des Omeyyades, dans le vieux Damas, le 7 janvier 2020. Le président syrien, Bachar Al-Assad, fait visiter à son homologue russe, Vladimir Poutine, la mosquée historique des Omeyyades, dans le vieux Damas, le 7 janvier 2020.

Malgré les multiples annonces du président Vladimir Poutine – la première remontant à mars 2016, soit moins de six mois après le début de son intervention armée –, le contingent russe en Syrie (autour de 3 000 hommes aujourd’hui, sans compter les mercenaires de la société Wagner) n’est pas près de rentrer au pays. Et il achèvera sa mission en toute discrétion, s’il l’achève un jour. Car après les victoires militaires, commence à poindre la crainte de l’enlisement.

Les difficultés actuelles n’enlèvent rien aux succès initiaux. L’arrivée dans le ciel syrien, en 2015, des MIG et Sukhoï russes a changé la donne au sol. Résultat d’une stratégie délibérée de bombardements intensifs, leurs opérations ont terrassé les rebelles – englobés sous le qualificatif de « terroristes » quelle que soit leur affiliation politique – , rendant au régime Assad le contrôle sur le corridor stratégique de la « Syrie utile », le long de l’axe Deraa-Damas-Alep. Elles ont également fait 6 862 victimes civiles, selon le dernier décompte, en mars, du Syrian Network for Human Rights (SNHR).

Adossé à ses bases de Tartous et de Hmeimim, Moscou a profité du théâtre syrien pour expérimenter de nouveaux équipements, cependant que son armée achevait sur le terrain la mue entamée par les réformes en 2008 : environ 500 généraux et 90 % des pilotes russes sont passés par la Syrie, selon un décompte établi, en octobre 2020, par le journal militaire Krasnaïa Zvezda.

Grande puissance incontournable

Sur un plan géopolitique, le gain est également incontestable. Le conflit syrien a permis à la Russie, devenue paria pour son action en Ukraine en 2014, de regagner son statut de grande puissance incontournable, et pas seulement par son pouvoir de nuisance. En six ans, elle s’est imposée comme l’acteur central du jeu syrien, capable de parler aussi bien à l’Iran qu’à Israël et, surtout, de tenir à distance les Occidentaux. Le réveil russe est ainsi le miroir des renoncements américains, de Barack Obama à Donald Trump.

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