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Quelques jours après l’arrestation médiatique de l’ex-présidente par intérim, Jeanine Añez (novembre 2019 – novembre 2020), accusée de « sédition » et « terrorisme », la tension est à son comble en Bolivie. Les manifestations contre l’exécutif se sont multipliées ces derniers jours dans plusieurs villes, notamment à Santa Cruz, cœur économique du pays et fief de la droite. Les comités civiques (organisations sociales d’opposition) demandent « la libération immédiate des prisonniers politiques » et menacent d’une grève illimitée.
En plus de celui émis vendredi 12 mars contre Mme Añez, le parquet, qui enquête sur ce qu’il qualifie de « coup d’Etat » contre l’ancien chef d’Etat, Evo Morales, a lancé huit autres mandats d’arrêt contre des militaires ou d’ex-membres du gouvernement intérimaire qui avait dirigé le pays après le départ forcé de M. Morales en novembre 2019. Deux ex-ministres ont été arrêtés, d’autres avaient déjà quitté le pays les mois précédents.
Samedi 13 mars au petit matin, Jeanine Añez a été arrêtée dans sa ville de résidence, Trinidad, dans l’est de la Bolivie, et emmenée jusqu’à la capitale. Les images la montrant derrière les barreaux d’une cellule décrépie d’un poste de police de La Paz, avant d’être placée le lendemain en détention préventive pour quatre mois dans une prison pour femmes, ont marqué les esprits. Pour beaucoup, elle est le symbole d’une justice « aux ordres », selon l’avocat Ramiro Orias, membre de la Fondation pour un procès équitable.
« Ce n’est pas une décision de justice, c’est une manipulation de la justice par le MAS [Mouvement vers le socialisme, parti de M. Morales] », dénonce le politiste Jorge Dulon. « La justice agit en fonction du gouvernement au pouvoir. Il y avait l’espoir en Bolivie que Luis Arce [l’actuel président de gauche, élu en octobre 2020] – comme il l’avait d’ailleurs promis – ne lancerait pas de persécution. Il montre tout le contraire », se désole-t-il.
Un air de déjà-vu
Sur le fond du dossier, de nombreuses voix dénoncent une « accusation fragile » et « sans fondements ». « Le délit de terrorisme est impossible, s’inquiète Ramiro Orias. Les actes de terrorisme n’ont jamais existé, c’est un abus du système pénal qui qualifie de terrorisme un mouvement de protestations sociales, d’autant que Mme Añez n’était pas chef de file des mouvements de contestation. » Pour lui, la décision a pour but de « criminaliser la protestation sociale et punir la dissidence ». « Sur la question de savoir s’il y a eu un coup d’Etat, ce serait à une haute cour de justice de se prononcer et pas un simple juge pénal », poursuit-il.
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