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Près de 6 millions de Syriens sont nés durant la guerre qui ravage la Syrie depuis dix ans, estimait, en janvier, le Fonds des Nations unis pour l’enfance (Unicef). Cette génération, qui a fait ses premiers pas dans des paysages dévastés et n’a pas connu d’autre quotidien que celui marqué par les bombardements, la violence et la précarité, sera un jour appelée à bâtir l’avenir de ce pays. Les données concernant les violations des droits des enfants utilisées dans cet article ont toutes été dûment documentées et extraites de rapports onusiens. Elles ne représentent donc qu’une fraction des crimes perpétrés à leur encontre.
Dans une Syrie dévastée, les enfants sont en première ligne
Parmi ces enfants, les déplacés sont considérés comme les plus vulnérables. L’instabilité liée aux déplacements à répétition, à la perte d’un parent (voire des deux parents) et leur dénuement extrême, dans un environnement économique globalement détérioré, les conduisent à chercher du travail – souvent pénible et toujours mal payé – pour assurer leur survie ou aider leur famille. Alors que la Syrie d’avant-guerre était dotée du taux d’éducation le plus élevé des pays arabes, plusieurs centaines de milliers d’enfants sont aujourd’hui analphabètes.
Une impossible scolarité
Dans le nord-est syrien, le cas des déplacés des camps, sous contrôle de l’administration kurde, est encore plus complexe. Dans le camp d’Al-Hol, la population atteint près de 65 000 personnes, dont 94 % sont des femmes et des enfants, et plus de la moitié sont des enfants de moins de 12 ans. Sur ce total, 48 % sont de nationalité irakienne, 37 % sont syriens et 15 % de 57 autres nationalités. La majorité des enfants syriens proviennent des zones anciennement contrôlées par l’organisation Etat islamique (EI) – originaires de Rakka et d’autres villes localisées le long de l’Euphrate. Nombre d’entre eux ont assisté à des scènes d’exécutions et de décapitations ; des mineures ont été mariées de forces ; des garçons ont été enrôlés dans les rangs de Daech. Ces « lionceaux du califat » ont pour la plupart été regroupés dans le centre Houry, à Hassaké.
Violences faites aux enfants
En 2019, le Conseil de sécurité des Nations unies a été saisi concernant la situation dans seize pays, pour enquêter sur « le sort des enfants en temps de conflit armé ». Dans son rapport, la Syrie occupe l’avant-dernière place en matière de conscription d’enfants. En termes de nombre d’enfants-soldats, seule la Somalie obtient un bilan pire. Depuis que l’EI a perdu ses derniers bastions syriens, plus du tiers des enfants utilisés pour combattre l’ont été par les forces kurdes – sur un total de 820 mineurs, dont 147 âgés de moins de 15 ans –, dont la totalité des filles (55 cas vérifiés). En deuxième position, le groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), une émanation d’Al-Qaida aux commandes de la province rebelle d’Idlib, a enrôlé 245 mineurs.
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