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La famille Sackler, accusée d’avoir profité de la crise des opiacés aux Etats-Unis, propose 4,3 milliards de dollars pour solder les poursuites

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La crise des opiacés a fait environ 500 000 morts aux Etats-Unis depuis 1999. La crise des opiacés a fait environ 500 000 morts aux Etats-Unis depuis 1999.

La famille Sackler, propriétaire du groupe pharmaceutique américain Purdue, a proposé, lundi 15 mars, de payer 4,28 milliards de dollars dans le cadre d’un nouveau plan de sortie de faillite proposé pour solder les poursuites l’accusant d’avoir alimenté la crise des opiacés. Les procureurs de plusieurs Etats l’ont sans tarder jugé insuffisant.

Purdue avait déjà accepté de plaider coupable en octobre pour sa promotion agressive du médicament antidouleur OxyContin, dont il connaissait la puissance addictive. Ses pratiques commerciales, comme celles d’autres laboratoires, grossistes et chaînes de pharmacies, ont conduit, à partir de la fin des années 1990, à une surconsommation d’antidouleur aux opiacés, à l’origine d’une explosion des overdoses aux Etats-Unis.

Espérant solder l’avalanche de litiges à son encontre, Purdue avait déposé le bilan en septembre 2019. Mais le montage proposé avait été rejeté par une vingtaine de procureurs.

Comme prévu par l’accord passé l’an dernier avec le ministère de la justice américain, l’entreprise prévoit de se dissoudre pour créer une nouvelle société dont le but serait d’aider à régler la crise des opiacés, en versant de l’argent aux divers acteurs estimant avoir pâti de la crise et en développant des médicaments contre les overdoses et la dépendance. Le laboratoire estime que ces nouveaux traitements, qu’il distribuerait à prix coûtant, équivaudraient à une valeur de 4 milliards de dollars.

Purdue propose de faire un premier versement de 500 millions de dollars dès sa sortie de faillite et d’y ajouter 1 milliard de dollars d’ici à 2024 grâce aux revenus générés par la nouvelle entreprise. La famille Sackler verserait, pour sa part, 4,28 milliards de dollars, en plus de l’amende de 225 millions déjà prévue, sur neuf ans. Elle avait initialement proposé de payer 3 milliards de dollars. La restructuration vaudrait, au total, 10 milliards de dollars.

« S’acheter une immunité »

Le plan de sortie de faillite présenté par Purdue prévoit de créer de nouvelles entités pour répondre aux demandes des divers acteurs impliqués : les Etats et collectivités locales, les tribus amérindiennes, les soignants ou tuteurs d’enfants nés avec des syndromes de sevrage, les victimes. La famille Sackler n’aurait aucun rôle dans la gestion ou la gouvernance de la nouvelle société américaine, supervisée par des personnes indépendantes. Elle pourrait, en revanche, conserver pendant encore sept ans les activités de Purdue à l’étranger.

« Avec les overdoses de médicaments toujours à des niveaux records, il est plus que temps d’utiliser les actifs de Purdue pour aider à résoudre la crise », a déclaré Steve Miller, président du conseil d’administration de Purdue, dans un communiqué.

Ce plan doit encore être approuvé par un juge des faillites. Plusieurs procureurs d’Etats ont déjà fait part de leur « déception ». « La proposition que Purdue (…) n’est pas à la hauteur de ce que les familles et les survivants méritent », ont écrit plusieurs d’entre eux dans un communiqué commun. Dans un message publié sur Facebook, la procureure de l’Etat du Massachussetts, Maura Healey, a dénoncé une « insulte ». « Les Sackler veulent utiliser la catastrophe qu’ils ont créée pour s’acheter une immunité à un prix avantageux. Au terme de cet accord, ils repartiront plus riches », déplore-t-elle. Elle prévoit, comme 25 autres procureurs généraux selon elle, de demander des changements.

D’autres entreprises ont été accusées d’avoir alimenté la crise des opiacés et la flambée d’overdoses qu’elle a entraînée – avec environ 500 000 morts aux Etats-Unis depuis 1999. Mais il est reproché à Purdue d’avoir été le premier laboratoire à pousser le corps médical à surprescrire l’OxyContin à partir des années 1990, alors que ces puissants médicaments étaient jusque-là réservés au traitement des maladies graves.

Le Monde

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